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bord. Serge Kosic, le directeur des services, est intrigué par l’insistance de son subordonné car il ne voit pas de « gros tas de neige ». Il pleut, les températures sont redevenues positives, faisant presque entièrement fondre les premiers flocons hivernaux tombés la veille. L’intervention ne lui semble pas obligatoire mais, de guerre lasse, il lance à Ledenev : « Si tu n’as rien à faire, vas-y. » Ledenev répercute la consigne à l’équipe des conducteurs. par Andrey Akimov, l’homme fort de Gazprombank et administrateur de Novatek ; Leonid Mikhelson, le patron de Novatek, flanqué de son interprète ; ainsi que par Elena Burmistrova, qui vient de succéder à Alexander Medvedev à la tête de Gazprom Export. Si ce n’est pas un sommet d’urgence pour sauver le projet Yamal LNG, privé du dollar comme source de financement, ça y ressemble fort. « Christophe était préoccupé et soucieux de trouver une alternative, mais y croyait-il vraiment ?, s’interroge une source chez Total. Je ne sais pas, mais il avait conscience du problème et du fait qu’il allait falloir s’y atteler. Ça n’allait pas être facile. Il allait payer de sa personne pour faire jouer toutes les cordes de l’arc jusqu’en Chine et ailleurs. Et c’était quand même le début des sanctions, on n’avait pas encore pris toute la mesure du problème. » Martynenko sort du garage et se dirige vers son véhicule, une déneigeuse jaune vif. Lar-
Repas impromptu chez Timchenko
Martynenko et les deux autres chauffeurs, Naomkine et Potchkaelo, entament les opérations de déblaiement sur la voie B8. L’ingénieur en chef, Ledenev, dont le rôle est de communiquer avec les contrôleurs aériens, les accompagne. Il ne doit jamais perdre de vue les techniciens dont il a la responsabilité. Pourtant, une vingtaine de minutes après avoir démarré les travaux, Martynenko est distancé par le convoi. Ledenev expliquera, plus tard, avoir été obligé de raccompagner l’une des trois déneigeuses au garage suite à une panne. Martynenko, lui, aurait eu un problème avec le rotor de son engin. Il essaye de joindre ses collègues par radio mais personne ne répond. Il n’utilise pas son téléphone portable car les employés sont tenus de communiquer par radio, ce qui permet une surveillance des conversations, contrairement aux échanges par portables. De toute façon, n’ayant pas emmené ses lunettes, Martynenko ne peut pas lire les numéros de téléphone rentrés dans son téléphone. La réunion chez Gennadi Timchenko se transforme en dîner impromptu. Une table couverte de fromages, charcuteries, vins et whisky, le péché mignon de Margerie, surgit comme par enchantement. Les huit convives s’installent dans un petit salon de la résidence. Et dire que l’avion du patron de Total devait décoller à 20 heures ! Perdu pour perdu, autant en profiter. « Christophe était bien et n’avait plus envie de partir », se souvient Jacques de Boisséson, le représentant de Total en Russie. Il est obligé d’insister auprès de son boss, puisque le pilote de l’avion vient de lui téléphoner afin de lui rappeler que l’heure limite pour quitter Moscou est désormais très proche. Christophe de Margerie s’incline. Il salue chaleureusement toute l’assemblée, en particulier Gennadi Timchenko, avec qui il a encore eu un long aparté. Enfin, il prend le chemin de l’aéroport.