ANAK VERHOEVEN
CHERCHE PROJET SÉRIEUX POUR GROS POTENTIEL
Début septembre, entre deux compétitions, la championne d’Europe en titre a trouvé un peu de temps et un créneau météo pour faire un allerretour express en falaise à Pierrot Beach, dans le Vercors. Résultat : un 9a, “Sang neuf“, suivi d’un 9a+, “Sweet neuf“, qui fait d’elle la deuxième grimpeuse au monde dans ce niveau de difficulté. Il y a fort à parier qu’elle ne va pas s’arrêter là. La jeune championne Belge nous dit pourquoi.
Comment fait-on pour se pointer au pied de la falaise de Pierrot Beach, à Presles, et enchaîner un 9a et un 9a+ en quelques jours ? J’avais travaillé “Sang neuf“trois jours l’an dernier, et ensuite la météo n’était plus bonne. Comme ma mère avait pris une vidéo, ça m’a permis de me remémorer les mouvements avant de revenir. Du coup, quand Sébastien Richard, un ami, m’a dit que les conditions étaient super dans le Vercors, je suis venue. C’était jouable malgré le peu de temps que j’avais, parce que je connaissais les mouv. Et en plus, ça me permettait d’exploiter ma grande forme après la coupe du monde d’Arco. Je sentais que j’étais capable, mais comme je n’avais qu’un jour, c’était super stressant. C’est frustrant de repartir sans avoir réussi, et quand on n’a pas beaucoup de temps, il y a toujours plus de chances que ça se passe comme ça ! Donc quand j’ai réussi au premier essai de cette journée-là, j’étais doublement contente ! Et puis je suis aussi reconnaissante pour le soutien et l’aide que j’ai reçus, notamment de mon père qui m’assurait, parce qu’il en faut, pour réaliser des perf comme ça.
Est-ce que tu es une compétitrice qui fait de la falaise de temps en temps, ou une falaisiste avant tout ? J’ai commencé à grimper en falaise à quatre ans, donc ça fait très longtemps, mais je n’y allais que pendant les vacances. Quand on vit en Belgique, au «plat pays» comme on dit, on ne peut pas aller grimper en falaise tous les week-ends ! Du coup, assez naturellement, les jeunes s’orientent vers la compétition. Ça a été mon cas. En ce moment, je donne priorité à la compétition, mais dès que j’ai le temps, je vais en falaise. J’aime vraiment ça, mais quand on décide de faire toute la saison de coupe du monde, il faut s’entraîner en salle, chez soi, entre chaque compète… Plus tard, quand je serai moins dans le circuit, c’est sûr que je ferai plus de falaise. Et comme ça, je serai peut-être reconnue davantage comme falaisiste, parce que j’ai quand même déjà fait des perf en falaise…
C’est le moins que l’on puisse dire, avec déjà une si jolie petite collection de 8c+/9a, et maintenant 9a+ ! Apparemment tu as encore de la marge. Jusqu’où tu vas aller comme ça ? Je sens que je peux aller plus loin. Je vois bien ce que j’arrive à donner pendant mes entraînements, à quel point je peux me dépasser, et être totalement daubée, parfois… Jusqu’ici, je n’ai jamais expérimenté ça en falaise, je n’ai pas eu l’occasion de repousser mes limites à ce point. En fait, je n’ai jamais eu un gros projet, une voie super dure où tu travailles des semaines, tu rentres chez toi, tu reviens des mois après pour continuer à travailler… ça, je ne l’ai pas encore fait. Je cherche.