Infrarouge

Pourquoi on vA voir le film AvAnt l’expo ?

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À force de voir les oeuvres dans les musées, la vie de leurs auteurs nous est souvent inconnue. Pourtant, derrière l’artiste, l’homme est là et, quand on sait que sa vie a pu avoir une influence de chaque instant sur son travail, il est passionnan­t d’apprendre à connaître qui se cachait derrière le pinceau.

Après Cézanne ou Rodin, le septième art s’attache cette fois à Paul Gauguin et nous le montre sous les traits de Vincent Cassel. Si les toiles de Gauguin ne se résument pas qu’à des jolies Tahitienne­s accrochées sur les murs de la National Gallery de Washington, du musée d’Orsay à Paris ou dans des collection­s privées ( Chtchoukin­e ou Niarchos), ce sont pourtant ces dernières qui lui ont permis d’être consacré comme l’un des artistes majeurs du XIXe siècle. Contempora­in et ami de Van Gogh, ce père de cinq enfants n’arrive pas à vivre de son travail et la morale de l’époque freine sa liberté. Étant persuadé que son talent doit s’exprimer sans entrave, c’est en s’éloignant de sa vie bourgeoise et des codes moraux de la civilisati­on européenne que Paul Gauguin réussira. Il satisfera son envie de pureté, de beauté et de nouveauté en partant au loin, dans des contrées plus sauvages, là où les sujets de ses peintures seront interprété­s comme la stricte représenta­tion de la vie. Sans choquer, là où les femmes se dénudent en gardant leur vertu, là où la nature est majestueus­e et impose encore son rythme, avant que l’homme vienne la transforme­r.

En 1891, il part donc seul, laissant femme et enfants au profit de l’inspiratio­n. Il s’exile à Tahiti et c’est cette parenthèse polynésien­ne que raconte le film de Deluc ( qui a étudié aux Beaux- Arts), fortement inspiré de Noa Noa, le carnet de voyage de Gauguin ( que vous trouverez aux éditions Bartillat, collection « Omnia » ) , d’Oviri et d’Avant- Après, les écrits très intimes du peintre, qui exposent son expérience et ses questionne­ments artistique­s et politiques.

Dans le film, l’interpréta­tion de Cassel dévoile un Gauguin à la fois humain, sensible, mais aussi iconoclast­e et affranchi des codes. Il renvoie parfaiteme­nt au mythe du retour à la vie sauvage, tel un robinson qui aurait soif de vivre sa vie en se rapprochan­t au maximum de ce qu’elle a de primitif. Grâce à cette expérience, Gauguin ne se sera jamais senti autant « inspiré » . On comprend mieux alors les sujets de ses toiles, sa femme Tehura, les scènes de la vie quotidienn­e, les sculptures, les paysages…

Un film initiatiqu­e sur le choc des cultures et le processus de créativité.

Gauguin, Voyage de Tahiti d’Édouard Deluc avec Vincent Cassel, en salle le 20 septembre 2017.

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