Les ateliers Automation( part. 2)
Dans ce second volet réalisé spécialement pour KR, Joachim Garraud ouvre « Driftin’ » dans Ableton Live, l’un des titres de son nouvel album, interprété par Geister. Rappelons que la Producer Box de Joachim contiendra toutes les sessions de cet album, avec les licences de Live et les différents plug‐ins qui y sont utilisés. L’acquéreur aura alors tout loisir de remixer les morceaux à sa guise, mais aussi d’observer au plus près le travail de Joachim, sa façon de jouer avec les automations et d’organiser ses compos. Le focus est ici fait sur l’instrument virtuel Mini V d’Arturia, l’un des plug‐ins fétiches du compositeur.
Organisation des pistes de l’arrangement
Joachim nous explique d’abord comment le titre « Driftin’ » est organisé au sein de l’interface de Live. Il a regroupé toutes les pistes de percussions dans un groupe situé dans la partie haute de l’interface (clap, crash, ride, snare, FX, etc.). Un autre groupe est destiné aux synthétiseurs, ces derniers jouant les parties de basse, de cordes, de pads, de solos et de FX, un troisième s’occupant uniquement de la gestion des divers et nombreux vocaux du titre. L’avantage d’une telle organisation est la mise rapide en solo d’une des composantes du morceau afin de se concentrer sur son édition particulière. On note rapidement que Joachim nomme ses pistes selon le son que l’instrument produit et son rôle dans l’arrangement (bass couplet, pad refrain, etc.) plutôt que selon le nom de l’instrument virtuel qui le joue. Au passage, on aperçoit également le travail effectué sur l’automation des voix.
Génération des basses via le Mini V2
Les séquences de basses sont générées à partir du Mini V2 d’Arturia, un synthétiseur virtuel que Joachim affectionne tout particulièrement. Il nous montre dans la partie séquencée que la fréquence de cutoff du filtre n’arrête pas d’évoluer au fil de l’avancement dans le titre. L’idée, rendre le son de plus en plus présent grâce à la variation de la fréquence. Dans l’inspecteur de piste Bass Seq, Joachim nous montre que deux autres paramètres du Mini V2 ont été également automatisés, le decay du VCA et le volume du générateur de bruit (Noise). À cela s’ajoute le volume master du Mini V2, lui aussi automatisé simultanément avec les autres paramètres. Si la gestion de toutes ces lignes d’automation semble complexe au premier abord, Joachim nous rassure en précisant que les qualités graphiques de l’interface de Live permettent de s’y retrouver sans aucun problème.
Importance du zoom
Dès lors que l’on parle d’automation, il est important de pouvoir l’éditer finement après enregistrement. En effet, il n’est pas rare que ce que l’on croit bon au moment où on la réalise, même à partir d’un contrôleur externe, ne soit pas exactement ce que l’on souhaite lors de la réécoute. Joachim nous explique que la meilleure méthode pour voir ce qu’il se passe est d’utiliser les fonctions de zooms verticaux et horizontaux de Live. Il faut, bien entendu, « cycler » sur la zone voulue afin d’observer puis déplacer les événements du paramètre automatisé. Autre point important, Live permet de cumuler au niveau de l’affichage plusieurs paramètres de l’automation, simultanément. Il devient alors aisé de voir quelles courbes suivent chacun des régalages effectués, indépendamment et les uns par rapport aux autres.
Édition fine des paramètres d’automation
Joachim décide de faire (ré)apparaître l’interface du Mini V2, de manière à observer les réglages s’animer selon les courbes d’automation. Et surtout voir si les progressions sont logiques, sans heurt anormal, suite à un bougé non désiré lors de l’enregistrement. Bien entendu, ce n’est pas le cas sur l’exemple puisque, rappelons-le, il s’agit de l’arrangement définitif du morceau que nous avons sous les yeux. Pour éditer, Joachim passe l’instrument en solo, boucle sur les mesures d’intro, avant lancement du groove à proprement parler, et revient directement à la souris sur quelques points de la courbe d’automation. Joachim conclut cette partie en conseillant vivement d’automatiser les synthés comme ce Mini V2 : « Ce qui fera l’originalité d’une partie instrumentale viendra souvent du choix du son de base, de son évolution au cours du morceau et des nuances que l’on y apportera. » Joachim précise que lorsque l’on compose dans un style électro, qui comporte finalement peu de notes jouées, faire évoluer des paramètres est une excellente méthode pour affiner son propre « son » !
par Èric Chautrand