Une machine à voter dans la blockchain
LLe vote électronique est loin d’être généralisé en France, or la situation sanitaire pourrait lui faire gagner des points. Mais comment garantir l’intégrité et la fiabilité d’un scrutin en ligne ? Kaspersky s’est penché sur la question et a développé une plate- forme de vote, ainsi qu’une machine à voter, toutes deux basées sur la blockchain.
e niveau élevé de risque cyber doit être pris en considération, avec une vigilance toute particulière dans l’appréhension des opérations de vote réalisées à l’aide de machines à voter » , répondait en novembre dernier Laurent Nuñez, secrétaire d’état auprès du ministre de l’intérieur, à la question d’un député sur le moratoire gelant l’installation de nouvelles machines à voter en France. L’exécutif prend le sujet avec des pincettes, tant il est complexe aussi bien techniquement que politiquement. Toutefois, avec le maintien du premier tour des élections municipales 2020, à deux jours seulement de la mise en place des mesures de confinement, des voix se sont élevées pour demander une réflexion sur la dématérialisation des scrutins. Et si la solution nous venait de Russie ? Et plus précisément de Kaspersky…
Polys en la cité
L’éditeur travaille depuis 2017 sur une plate- forme de vote en ligne. « Nous avons au sein de Kaspersky une division qui fait de la prospective, une forme d’incubateur dans lequel on va avoir différents projets » , indique Bertrand Trastour, le responsable des ventes B2B de l’entreprise russe en France. Cet Innovation Hub avait exploré les possibilités offertes par la blockchain, au- delà des cryptomonnaies, et développé pour l’industrie de la mode Verisium, une solution anti- contrefaçon notamment utilisée par Montclerc. « La blockchain assure l’intégrité et l’inviolabilité de la solution et garantit à nos clients que le résultat produit est exempt de toute tentative de manipulation » , souligne Bertrand Trastour. En outre, l’éditeur avait repéré l’existence d’une demande pour des solutions autour du vote en ligne. Le projet Polys était né. Chaque vote en provenance de l’appareil de l’électeur est intégré dans la transaction chiffrée pour être inscrit dans un bloc de la chaîne. Le mining network, système extrayant la donnée, utilise un protocole de consensus valant preuve d’autorité, de sorte que peu de ressources matérielles sont nécessaires pour fermer chaque bloc. Toutes les informations concernant les votes sont conservées de manière décentralisée sur plusieurs noeuds de blockchain, qui peuvent être stockés auprès d’un tiers de confiance sur le Cloud ou on- premise, sur l’infrastructure de l’initiateur du scrutin – une version on- prem est encore en beta.
Polys a été développé sur Ethereum, « en raison de la popularité de cette plate- forme et de l’expertise accumulée précédemment par les experts de Kaspersky, qui en faisaient déjà usage » , nous explique- t- on chez Kaspersky. Mais l’éditeur annonce
précise, émet un bulletin de vote en papier une fois la décision prise. « Ce n’est qu’une fois que tous les utilisateurs ont voté, ou que le scrutin est clos, que les résultats sont déchiffrés et peuvent être vérifiés » , précise Bertrand Trastour. Notons enfin que le code source de Polys a été publié sur Github dans un souci de transparence tandis que l’éditeur propose à « tout client qui souhaite aujourd’hui tester la solution de lui ouvrir un accès à la plateforme et de lui donner les bases de la solution afin qu’il puisse réaliser un POC [ Proof of Concept] limité à 500 votants » .
En Russie, à Volgograd, Polys a été utilisé lors d’un scrutin auquel ont participé 82 000 citoyens. La solution de Kaspersky semble donc présenter toutes les garanties en termes de fiabilité, de transparence, de confidentialité du vote et de sécurité, pour être intégrée aux dispositifs d’élections nationales ou locales. Mais, en France, outre le moratoire existant, la question est épineuse : « Cette solution n’est pas encore ouverte à la commercialisation en France » , nous confirme Bertrand Trastour, qui ajoute ne pas cibler les élections nationales du fait des contraintes légales pesant sur ces scrutins. D’autant que Polys s’accommode mal d’une cohabitation avec le vote papier. « Aujourd’hui, nous restons dans un système totalement dématérialisé, qui s’inscrit dans un processus de transformation et de digitalisation des élections. Le champ des possibles autour de ce système est juste énorme et je cible plutôt des organisations qui ont des besoins en la matière. » Ainsi, en France, plutôt que le ministère de l’intérieur, ce sont les entreprises, les associations, les universités, pour leurs assemblées générales et leurs conseils d’administration, qui sont les plus susceptibles d’utiliser Polys. Mais aussi, pour le politique, les partis lorsqu’ils organisent leurs élections en interne : on se rappellera qu’en 2014, L’UMP avait crié à la cyberattaque lors de l’élection de son président. Un écueil que la blockchain pourrait éviter. ✖
En partant de ce principe simple édicté par le Cpt Edward Murphy en 1949, on pouvait s’attendre à ce que le pire soit certain. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous avons donc eu le pire ! Pour beaucoup, la pandémie et la situation que nous vivons ont été une surprise, un cygne noir qui, selon le statisticien Nassim Nicholas Taleb, est un événement imprévisible qui a une faible probabilité de se dérouler et qui, s’il se réalise, a des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle. Entre les crises financières, les catastrophes naturelles, les pandémies, les conflits sociaux, les tensions géopolitiques, il semblerait que l’adorable anatidé se déplace en troupeau et que chaque fois, les experts autoproclamés ou non sont pris à contrepied et ont la même cécité que soeur Anne en ne voyant rien venir ! Là- dessus, l’intelligence, quelle soit Artificielle ou non, n’y a vu que du feu. Il est fort possible que les biais cognitifs qui rendent les gens aveugles, individuellement et collectivement, à l’incertitude et au rôle massif des événements rares aient primé lors des analyses récentes. Il en est un que nous pouvons certainement comprendre, celui que l’historien Yuval Noah Harari nomme le « culturisme » dans son ouvrage 21 leçons pour le 21e siècle. Point ici le fait de montrer de magnifiques muscles sculptés à force de soulever des haltères, mais le fait de ne pas comprendre les différences culturelles. Il semblerait bien que la considération occidentale vis- à- vis de la Chine soit encore ancrée dans le passé d’un pays encore très arriéré et que donc leur grippette ne pouvait être une catastrophe d’ampleur chez nous ! Même si les chiffres fournis par ce pays sont faux, ce qui reste encore à prouver, il est certain que le problème n’y a pas été pris à la légère, ce qui aurait dû tout de même alerter tous les responsables de la Planète. Sans compter qu’après les Sras, Ebola, H1N1 et autres VIH, les infections semblent, tout comme nos cygnes de tout à l’heure, être des événements récurrents et donc prévisibles. Il faut ainsi tirer les conséquences de cet ensemble.
Nassim Nicholas Taleb la nomme anti- fragilité. Il s’agit de la capacité d’un individu, ou d’une société, à utiliser les aléas de la vie pour se transformer. Pour une entreprise, ce serait de profiter de cette crise mais, pour y parvenir, elle doit se transformer. Dans cette transformation, la digitalisation n’est qu’un moyen. L’entreprise doit pouvoir s’adapter quoi qu’il arrive et quel que soit l’événement, certains dont elle n’a pas le contrôle. À la sortie des grèves de l’année dernière, 28 % des salariés avaient déjà expérimenté le télétravail. En ce moment, ce sont 40 % des employés qui télétravaillent : une situation subie, comme en témoigne une étude Deskeo. Celle- ci pointe que 89 % des personnes interrogées n’avaient pas l’habitude de travailler à distance et
découvrent le télétravail. Dans ce contexte inédit, 7 salariés sur 10 avouent même regretter leur bureau et leur espace de travail quotidien. Aujourd’hui, dans certains secteurs d’activité, ce sont 89 % des gens qui sont en télétravail. Une étude réalisée pour le compte de Citrix réaffirme cette tendance : 74 % des répondants à cette enquête indiquent n’avoir jamais fait l’expérience du travail à distance avant la crise sanitaire et le confinement. À 58 %, ils recourent à des outils non- professionnels comme Whatsapp, Dropbox, Wetransfer ou encore Gmail, qui ne sont pas utilisés en temps normal. Pour 41 % des répondants, cela permet d’optimiser le temps perdu dans les transports et 35 % apprécient le temps accru passé en famille. La même proportion de salariés assure que le télétravail réduit le stress lié aux déplacements quotidiens. Par ailleurs, les personnes interrogées estiment que ce télétravail forcé aura des répercussions positives pour l’après- crise, puisque 66 % d’entre elles pensent que le recours au travail à distance devrait se faire plus facilement, et plus fréquemment, une fois le confinement terminé : 32 % des sondés de l’étude Deskeo ont le sentiment de travailler plus longtemps que d’habitude et près d’un sur deux zappe la pause déjeuner. Les conditions pour effectuer ce travail ne sont d’ailleurs pas très bonnes, souvent sur un coin de table. Pourquoi ? Les entreprises ont été dépassées et n’avaient pas prévu un cas où une bonne part de leurs salariés devraient travailler de chez eux. Après les grèves de la fin 2019, était- il si difficile de prévoir que cela pourrait se répéter ? Et choisir les bons outils, les mêmes pour tout le monde dans l’entreprise, en préparant un plan où sécurité et organisation du travail étaient compatibles avec la bonne marche de l’entreprise ? Moralité, les entreprises l’ont fait en catastrophe et en découvrant les problèmes possibles avec de tels outils comme l’ont montré les problèmes de sécurisation de Zoom ou les problèmes de connexions internet.
Pourtant, près d’un Français sur deux ( 45 %) redoute que son employeur s’y oppose par culture du présentéisme ( 43 %) ou manque de confiance ( 17 %). Si 43 % des sondés regrettent quand même l’émulation collective du bureau, 79 % d’entre eux sont prêts à sacrifier leur bureau attitré pour pouvoir faire plus de télétravail.
Un sondage Ipsos mené pour Ourco, un service en ligne aidant les salariés dans leur quotidien au travail, révèle que 74 % des sondés sont atteints de présentéisme contemplatif, où « Comment être ailleurs en étant sur son lieu de travail » . Pour 28 % des sondés, c’est une journée ou plus par semaine et pour 31 % une à deux journées par mois. Chaque mois, presque 60 % des salariés sont donc absents à leur travail. Pour éviter cela, pas de recettes miracles mais juste redonner du sens aux travaux à effectuer, éviter la surcharge et ne pas valoriser ce présentéisme nocif. Il faut revoir l’organisation et les processus de travail pour qu’ils atteignent à la fois l’objectif de résilience voulue et une culture de la confiance, plutôt que de celui du contrôle et du micro- management, vu comme du flicage, qui instaure le mal- être dans les équipes. Les managers apparaissent donc de plus en plus en décalage avec les aspirations des salariés. On pourrait pour une fois s’inspirer du modèle américain : là- bas, c’est quand on reste tard qu’on est mal vu, c’est qu’on n’a pas fait ce qu’il faut pour partir à l’heure et qu’on est un peu tire- au- flanc. Encore un peu de culturisme à la Yuval Noah Harari ? ✖