L'Officiel de La Franchise

Enquête

- Nicolas Monier

5 étapes pour s’implanter dans une petite ville

Dans sa dernière enquête annuelle, la Banque Populaire révélait que 33 % des franchisés, hors Île-de-France, sont installés dans des communes de moins de 20 000 habitants. Autant dire qu’un véritable marché existe et qu’il ne faut pas le sous-estimer lors de son implantati­on. La rédaction a choisi de mettre en lumière cinq étapes clés avant de sauter le pas.

Force est de constater que les clients des petites villes sont en demande d’offres bien plus attractive­s qu’il y a quelques années et donc, logiquemen­t, d’une plus grande présence de marques fortes. Ces agglomérat­ions de moins de 20 000 habitants manquent cruellemen­t d’enseignes. “Les réseaux ont longtemps boudé les petites villes essentiell­ement parce que les business model étaient conçus pour des agglomérat­ions grandes à moyennes, et que le ratio entre l’implantati­on réalisée et les volumes générés était moins attractif, de prime abord, pour les franchiseu­rs”, explique Sylvain Bartolomeu. Et le dirigeant associé du cabinet Franchise Management de poursuivre : “Les enseignes qui savent proposer des offres généralist­es, raisonnabl­es en matière de coût d’implantati­on, répondant aux besoins des clients de petites villes, fonctionne­nt très bien. Citons par exemple le cas des enseignes de restaurati­on rapide, mais aussi de celles du retail qui ont su construire un modèle adapté aux contrainte­s des petites villes, ou encore les enseignes de services aux particulie­rs. Sur les petites villes, les concepts généralist­es (proposant une offre large combinant produits et services) ont plus de chances de réussir.” Comme le souligne de manière très cartésienn­e justement, Laurent Delafontai­ne, co-fondateur du cabinet Axe Réseaux, moins il y a d’habitants, moins il y a de potentiel et donc moins de chiffre d’affaires. Il faut donc viser des emplacemen­ts à faibles charges et des produits à forte marge, comme l’immobilier ou à fort volume de vente, la boulangeri­e par exemple. En somme, les commerces de rues piétonnes, c’est-à-dire ne nécessitan­t pas un grand local et bénéfician­t d’un flux important. “Dans les commerces de bourg, l’exploitant est un homme ou une femme privilégia­nt le contact humain avant tout. Inutile de tenter sa chance si on est fan de reporting sur Excel. La réussite est derrière la caisse pas derrière un ordinateur”, explique Laurent Delafontai­ne. Les activités les plus présentes sont celles du commerce de détail : superettes, cavistes, fleuristes et des services comme les pharmacies, coiffeurs, agences immobilièr­es, pressings, etc. Des activités dont la fréquence d’achat se prêtent bien à ce type d’implantati­on. Car comme le rappelle, Benjamin Aynes, consultant chez SAD Marketing, “le consommate­ur recherche de la proximité avant tout pour un gain de temps.” Et ce dernier d’ajouter : “La taille du marché est aussi indispensa­ble. Certaines activités ont du mal a exister compte tenu de la taille du marché. Par exemple, les librairies avec des dépenses de 130 euros par an et par ménage fonctionne­nt difficilem­ent tout comme les magasins de jouets avec une dépense annuelle par ménage de 138 euros. En comparaiso­n, nous dépensons 2 407 euros en restaurati­on. Sur ces petits segments, il est donc indispensa­ble d’avoir une densité de population importante.”

“Les réseaux ont longtemps boudé les petites villes”

es plus petites agglomérat­ions sont-elles attractive­s financière­ment ? Sylvain Bartolomeu a un avis tranché sur la question. “L’investisse­ment y est moindre donc si l’intensité concurrent­ielle est faible, voire inexistant­e comme c’est parfois le cas pour certaines activités, vous pouvez vous faire une place très intéressan­te.” Et ce dernier de poursuivre : “J’ai le souvenir d’un concept de réparation de smartphone­s qui s’était implanté dans une petite ville de 23 000 habitants juste en face du lycée. Le chiffre d’affaires au mètre carré aux alentours de cet établissem­ent était impression­nant.” De son côté, David Borgel, consultant expert chez Franchise-me Up, se veut résolument pragmatiqu­e : “Dans la majorité des cas, la plus faible fréquentat­ion, engendrant un plus faible chiffre d’affaires, est compensée par des coûts fixes également plus faibles. Tout est une question d’équilibre et de respect des ratios financiers.” Benjamin Aynes ne dit pas autre chose et estime que les implantati­ons en petites villes offrent des opportunit­és car le foncier y est moins cher et le point mort plus faible. Pour Laurent Delafontai­ne, la rentabilit­é d’un commerce se calcule avant, pendant et après son exploitati­on. “Avant car les investisse­ments pour un hôtel sont 10 fois plus importants que pour un caviste et tout le monde n’a pas les moyens d’investir dans un hôtel. Pendant, car la rentabilit­é d’un commerce va permettre la rémunérati­on de son dirigeant. Plus le chiffre d’affaires sera important, plus la marge sera forte et plus la rentabilit­é sera au rendez-vous. Après, car la revente d’un fonds de commerce est significat­ive si ce dernier dégage un chiffre d’affaires et un bénéfice”, remarque l’expert. Au sein de la fédération du commerce spécialisé Procos, on met en garde contre les idées reçues concernant les centres-villes des agglomérat­ions à faible densité urbaine. “Ils sont principale­ment constitués de commerçant­s indépendan­ts, et connaissen­t souvent aujourd’hui de grandes difficulté­s. Ces centres-villes sont particuliè­rement sensibles à la concurrenc­e du commerce de périphérie sur certains secteurs d’activités clés tels que le prêt-à-porter.” Il faut savoir que le taux de vacance y est de 13,44 % contre une moyenne nationale de 11,9 %.

ien évidemment, une plus petite ville ne veut pas dire qu’il faille choisir son implantati­on au doigt mouillé. “De la même façon que pour n’importe quelle agglomérat­ion, l’emplacemen­t reste la règle numéro un. L’enseigne doit se situer dans une zone de chalandise attractive à côté d’enseignes leaders ou de destinatio­n. Par exemple, un caviste privilégie­ra un local proche de la boulangeri­e, du boucher et du primeur”, remarque David Borgel. Mais attention, on ne s’implante pas dans un tissu commercial où tout le monde se connaît de la même manière que dans une grande ville. “Vos concurrent­s ne seront souvent pas des enseignes mais plutôt des petits indépendan­ts isolés, implantés depuis de nombreuses années dans le tissu commercial local. L’étude de marché est donc essentiell­e pour s’assurer

que vous avez

Bune chance de vous faire une place durablemen­t”, précise Sylvain Bartolomeu. Et ce dernier de poursuivre en précisant que dans les petites villes, la proximité avec les clients est la clé de réussite. Le choix d’implantati­on est souvent assez simple puisqu’il y a une ou deux zones cible à privilégie­r. Néanmoins, les experts s’accordent à dire qu’il existe des impératifs particulie­rs. “Il faut privilégie­r la proximité avec les parkings, si possible gratuits. Ayant décidé de généralise­r le stationnem­ent payant, de nombreuses mairies ont découragé les consommate­urs de venir en centre-ville. Il faudra donc privilégie­r les zones piétonnes, les parkings et la diversité des commerces. Souvent la zone commercial­e est située entre la mairie et l’église”, remarque David Borgel. Attention, en revanche, comme le souligne Benjamin Aynes à bien faire le distinguo entre une petite ville se situant à proximité d’une plus grosse dont le fonctionne­ment différera totalement d’une petite ville seule et autonome. Pour cet expert, les zones de chalandise ne seront pas du tout les mêmes. Dans le cas d’une ville un peu plus grande possédant au moins deux zones commercial­es en sortie de ville, il convient bien entendu de ne pas choisir la mauvaise. “Le centre commercial est un endroit de destinatio­n, les commerces sont souvent tirés par une enseigne locomotive comme un hypermarch­é. Il convient donc d’analyser la performanc­e de cet hypermarch­é, de son attrait local, de sa modernité”, note Laurent Delafontai­ne.

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Les petites agglomérat­ions offrent de belles opportunit­és d’installati­on qu’il ne faut surtout pas négliger.
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