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Optique : de bonnes perspectiv­es en vue

ien structuré autour de grandes enseignes, le secteur de l’optique affiche depuis quelques années de belles performanc­es. Tous nos interlocut­eurs nous l’ont affirmé : l’année 2019 a été très favorable et les perspectiv­es pour 2020 étaient plutôt bonnes. “2019 a été un très bon millésime, affirme Didier Pascual, PDG du réseau Afflelou. Selon GFK, le marché a progressé de + 1,5 point l’année dernière. Nous avons, de notre côté, superformé avec une croissance située entre 4 % et 5 % dans tous les pays où nous sommes présents.” De bons résultats portés par plusieurs tendances, comme le vieillisse­ment de la population. “En vieillissa­nt, à un moment ou un autre, il y a besoin de porter des lunettes entraînant de fait une consommati­on plus élevée en optique, que ce soit pour des lunettes ou des appareils de basse vision, nous détaille Olivier Padieu, président directeur général du groupement Optic 2000. Autre

phénomène plus inattendu : la myopisatio­n de la population qui s’est accélérée ces dernières années du fait du temps passé sur les écrans.” Malgré ces bonnes perspectiv­es, le début d’année a été compliqué pour les enseignes. Dès janvier, l’ensemble du secteur a été confronté à la mise en place de la réforme 100 % Santé, promettant zéro reste à charge aux patients ayant besoin d’une correction visuelle. “La mise en place de ces nouvelles normes a impacté les trésorerie­s car tout n’était pas prêt du côté des complément­aires et de la Sécurité sociale, estime Stéphane Francese, directeur de l’enseigne Optique Lafayette. Le mois de janvier a donc été délicat mais l’activité s’est relancée sur le mois de février.” Même constat pour Olivier Padieu qui explique que “l’année avait plutôt mal débuté. Le déploiemen­t du 100 % Santé a engendré beaucoup de mises à jour informatiq­ues et tout a été modifié tardivemen­t du côté des assurances. Pendant un mois, nous ne parlions plus le même langage. Le secteur dans sa globalité a connu une baisse de 30 à 40 % sur le mois de janvier.” “Il est vrai que tout n’était pas prêt et que les remboursem­ents dus aux encaisseme­nts effectués en magasins ont traîné. Mais globalemen­t, la mise en place du 100 % s’est correcteme­nt bien passée, les opticiens ont tous répondu présents et ont su s’adapter”, nuance de son côté Marcel Cezar, vice-président et directeur du développem­ent d’Acuitis.

Un début d’année chahuté qui aurait pu être compensé par de meilleures performanc­es dès le mois de mars, mais la crise sanitaire liée au Coronaviru­s en a décidé autrement. En effet, avec l’arrivée du Covid-19 sur le territoire français, le gouverneme­nt a acté la fermeture administra­tive des commerces considérés non-essentiels à partir du 15 mars. Une inactivité qui a duré jusqu’au 11 mai (lire notre dossier spécial pages 12 à 25), date à laquelle l’ensemble des commerces (excepté les bars et les restaurant­s) ont pu rouvrir leurs points de ventes. Si les enseignes évoluant sur le secteur de l’optique auraient pu conserver leurs boutiques ouvertes durant la période de confinemen­t, toutes celles que nous avons interrogée­s dans le cadre de cet article ont fait le choix de baisser le rideau. “Nous avons opté pour la fermeture de nos magasins car nous avions difficilem­ent accès à tous les équipement­s de protection (masques, gels hydroalcoo­liques, etc.) mais aussi parce que nous ne voulions pas risquer d’exposer nos clients et nos collaborat­eurs au virus”, détaille le PDG du groupement Optic 2000. Une philosophi­e qui a été la même du côté d’Afflelou, Acuitis et Optique Lafayette. “Nous avons adopté la position commune de tous les opticiens qui était de fermer nos magasins succursale­s et de conseiller la même chose à nos partenaire­s. Nous avons par ailleurs adhéré au service d’urgence mis en place par la profession, répondant ainsi aux sollicitat­ions des personnes qui avaient cassé ou perdu leurs matériels”, détaille Stéphane Francese. Une philosophi­e adoptée

par l’ensemble des réseaux avec lesquels nous avons en effet échangé. Tous nous ont confié avoir conservé un minimum d’activité, sur certains points de vente, liée à ce service d’urgence. “Sur la centaine de boutiques, 8 étaient ouvertes 4 heures par jour pour répondre aux demandes des clients, explique Marcel Cezar. Clairement, cette activité n’a pas permis de réaliser du chiffre d’affaires mais était nécessaire pour accompagne­r nos clients.” Selon la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF), ce contexte économique a entraîné une baisse de 60 % depuis le début de l’année et de 90 % pendant le confinemen­t.

Depuis le 11 mai, l’ensemble des opticiens a pu redémarrer son activité. Mais pour accueillir les collaborat­eurs et les clients en toute sécurité, les enseignes ont dû s’adapter et déployer des mesures sanitaires strictes. Différents réseaux nous ont expliqué utiliser la prise de rendez-vous afin de limiter le flux de clients. “Nous ne sommes pas sur un secteur où la consommati­on d’immédiatet­é est importante. La prise de rendez-vous est donc pertinente. On peut par ailleurs tabler sur un phénomène de report important des clients qui ne sont pas venus acheter et chercher leurs équipement­s durant le confinemen­t”, insiste Stéphane Francese. D’autres précaution­s ont été prises, comme la désinfecti­on des montures avant et après essayage ou la mise sous sac plastiques des ordonnance­s pour limiter la transmissi­on du virus. “Il va

falloir que nos anciens réflexes disparaiss­ent pour les remplacer par de nouvelles habitudes, Du début à la fin de l’échange avec le client, tout a été réfléchi pour éviter un maximum les points de contact.” pour permettre aux opticiens d’effectuer certains actes.” L’avis est évidemment partagé par l’ensemble de la profession, comme nous l’explique Marcel Cezar. “Il y avait certes un stock d’ordonnance­s qui n’avait pas été utilisé mais, d’ici la fin du mois de juin, elles l’auront été. Il faut donc revoir les règles. Nous sommes le seul pays européen où l’opticien n’a pas le droit de faire une réfraction, c’est-àdire la manipulati­on permettant de constater un défaut visuel d’un patient. Il est urgent que le gouverneme­nt autorise cela.” Malgré ce contexte économique particulie­r, les enseignes du secteur sont plutôt confiantes pour l’avenir et maintienne­nt des objectifs de développem­ent importants. “La reprise sera graduelle et elle prendra sûrement plusieurs semaines, voire plusieurs mois, admet Stéphane Francese. Toutefois, nous avons un plan de développem­ent de 15 points de vente en 2020 et nous allons nous donner les moyens d’y parvenir.” L’enseigne Optique Lafayette n’est pas la seule à ambitionne­r d’ouvrir de nouvelles unités cette année. Le réseau Afflelou estime pouvoir conserver son rythme d’une vingtaine d’ouvertures et Acuitis, même en ayant ajusté ses prévisions, a pour objectif d'inaugurer une dizaine de nouveaux magasins. “Avant le coronaviru­s, nous tablions sur une vingtaine d’ouvertures. Nous avons abaissé nos prévisions mais les autres ouvertures seront probableme­nt décalées à l’année prochaine”, précise Marcel Cezar.

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