L'officiel Voyage

JÉRÉMIE TRIGANO

- PAR JEANNE PROPECK

DANS LA FAMILLE DES STAR-UP FRANÇAISES QUI CARTONNENT AUSSI DANS LE MONDE, JE DEMANDE MAMA SHELTER ! DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ENSEIGNE HÔTELIÈRE, JÉRÉMIE TRIGANO NOUS PARLE D’OUVERTURES À VENIR, DE GAUFRES À LA POMME ET DE GENTILLESS­E. DU BONHEUR NATIONAL BRUT.

Et de 10 ! Lille sera ville Mama le 12 août prochain. Amis du Nord, vous allez vite compter avec ce nouveau haut lieu de la conviviali­té made in Trigano, sis juste entre les deux gares, en plein centre. Un hôtel light de 112 chambres, au design plus cosy que d’habitude, fait de laiton, de cuir, de terrazzo, avec bien sûr restaurant, bar et terrasse avec vue à 180° sur la capitale des Flandres. “La carte est encore en cours d’élaboratio­n, on aura bien sûr des plats locaux, Guy Savoy est en train de travailler des choses fabuleuses, notamment un dessert à base de gaufre à la pomme!”, raconte Jérémie Trigano dans son bureau rue Servan à Paris, où siège l’entreprise, dirigée également par son père Serge et son frère aîné Benjamin, qui lui vit à Los Angeles.

Mama’s sphère

Il y a dix ans, rue de Bagnolet, sortait de terre un drôle d’objet hôtelier non identifié, excentré, culotté. Bien sûr il y avait des chefs aux commandes, et pas n’importe lesquels : Serge Trigano,

Philippe Starck, Cyril Aouizerate, Alain Senderens… Mais cette excentrici­té n’emballait guère les financiers, peu convaincus par ce quartier populaire, ce concept d’une hôtellerie bon enfant où l’on se régale debout, où l’on se marre à toute heure et où l’on peut dormir pour pas cher.

Une décennie plus tard, on constate à quel point cette première graine a porté ses fruits à Lyon, Rio, Marseille, Bordeaux,

Los Angeles, Belgrade, Prague, Toulouse…

Depuis les débuts, les choses ont bien sûr évolué, certains fondateurs sont partis, les fils Benjamin et Jérémie ont rejoint papa, et le groupe Accor est entré dans la danse. Bilan : l’union entre la start-up et le mastodonte est un succès. Et l’enseigne 100 % française continue d’essaimer partout à travers le monde. “On compte ouvrir d’ici trois ans dix nouveaux hôtels à Londres, Dubai, Lisbonne, Santiago, Rome, Singapour, Paris porte de Versailles (un immense Mama signé Wilmotte, dont l’ouverture est prévue à la rentrée) puis à Puteaux, on travaille aussi sur Strasbourg et Nice, peut-être Montpellie­r…”, énumère Jérémie dans un débit rapide et joyeux, à l’image de sa vie menée tambour battant, toujours entre deux hôtels et trois avions, tout comme son père et son grand-père – Gilbert Trigano, fondateur du Club Méditerran­ée – cavalaient, à l’époque, entre les dizaines de villages plantés sur les cinq continents.

Accor gagnant-gagnant

Mais si la charpente de l’entreprise s’est renforcée avec l’arrivée du groupe Accor, les fondations, elles, n’ont pas bougé. Elles sont le scellement d’une culture familiale ouverte, défricheus­e, irriguée non par les racines mais par un état d’esprit, qui ne se négocie pas, fait de simplicité, de gentilless­e, de partage, de joie de vivre.

“On essaye à notre manière de faire vivre la France à travers le monde, avec notre savoir-faire, notre façon d’être. Vous trouverez toujours quelqu’un qui parle français dans un Mama. Les villages du Club étaient un peu considérés comme des ambassades de France à l’époque, aujourd’hui, Mama Shelter c’est une sorte d’alliance française!”, s’amuse Jérémie. Un abri bienveilla­nt, rassurant, maternel…

Si le père fondateur, Serge, est omniprésen­t dans l’entreprise, on se demande où est la mère, inspiratri­ce de ce concept si fédérateur. “Ma mère n’intervient pas dans la société, mais elle a toujours été un pivot dans notre vie, et nous a toujours soutenus, raconte Jérémie. Quand j’étais jeune, elle ne m’interdisai­t rien, ne m’a jamais forcé à quoi que ce soit, mais m’a toujours mis en garde, éclairé, c’est grâce à elle que j’ai su garder les pieds sur terre dans cette vie folle que nous avions à l’époque, toujours à courir le monde. Elle me disait que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain, et en effet, tout s’est arrêté brutalemen­t quand mon père a été viré du Club. La traversée du désert a été longue et douloureus­e, ma mère a toujours été là, pour nous, pour mon père.”

La bienveilla­nce paye, c’est même ce qu’on appelle un (très) bon retour sur investisse­ment. Longue vie Mama!

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