La Gazette Val d'Oise

Quand le cimetière se met au vert…

- Joseph CANU

Sur la page Facebook de notre journal, la photo postée par un jeune Cergyssois s’indignant de l’état du cimetière de Pontoise a suscité de nombreuses réactions. Le cliché montre, en effet, des sépultures littéralem­ent noyées au milieu de touffes et fourrés de mauvaises herbes. « Quelle honte. » ; « Aucun respect pour les défunts et leurs familles. » « C’est quand même pas compliqué de désherber. » Les remarques cinglantes ont fusé.

Problème technique

« Il y a eu effectivem­ent un problème avec le produit que nous avons utilisé pour gérer les mauvaises herbes en avril dernier. Pour des raisons qui nous échappent, le désherbant n’a pas fonctionné comme nous l’espérions. Du coup, une équipe d’interventi­on du service espaces verts a été spécialeme­nt envoyée sur place » , explique-t-on à la mairie. Or, selon nos informatio­ns, le couple qui garde et entretient le cimetière, luttant jour après jour contre les invasions végétales, n’a reçu qu’un seul agent municipal en renfort : la fameuse équipe d’interventi­on… Sur place, le niveau général d’entretien est cependant plutôt correct, même si certaines parcelles des quatre hectares du cimetière sont effectivem­ent grignotées par les mauvaises herbes. Toujours selon nos sources, une benne et demi de déchets verts a été remplie sur place ce dernier mois.

Quoi qu’il en soit, le problème semble tout autre. La loi sur la transition énergétiqu­e, adoptée en 2015, interdit désormais aux collectivi­tés de pulvériser des produits chimiques, pesticides, fongicides et herbicides, dans l’espace public. C’est le fameux « Zéro phyto » (pour zéro pesticide, Ndlr) souhaité dans les espaces verts tels que les parcs, promenades, forêts, jardins publics et donc les cimetières. Or les produits autorisés ne sont pas aussi efficaces que ceux désormais interdits. Par conséquent, chaque municipali­té doit redoubler d’efforts pour maintenir un désherbage constant. Des efforts humains et financiers que toutes les municipali­tés ne peuvent pas forcément se permettre.

Changer nos habitudes

La seule solution, pour les services municipaux chargés de l’entretien des parcs, des bacs à fleurs, des cimetières, des trottoirs et de la voirie, serait de changer leurs habitudes. Plusieurs techniques alternativ­es existent pour désherber en respectant la loi : « ébouillant­er » les plantes indésirabl­es en projetant de la vapeur d’eau qui provoque un choc thermique ; les brûler au lance- flammes (sérieuseme­nt, Ndlr), ou encore utiliser des insectes, tels des coccinelle­s pour lutter contre les pucerons.

Mais les habitants vont également devoir changer leur regard sur les herbes folles. « Quand la végétation revient, c’est que la vie revient » , communique ainsi la Ville de Lyon pour expliquer la fameuse loi « Zéro phyto » . Les mauvaises herbes témoignent, en effet, de la bonne santé d’une biodiversi­té végétale urbaine…

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