75.000 alevins de saumon dans la Corrèze
75.000 alevins de l’espèce ont été lâchés dans la rivière, jeudi, pour tenter de la réintroduire
S’il avait disparu des rivières corréziennes, le saumon pourrait à nouveau y barboter. Des alevins de l’espèce ont été lâchés, jeudi, dans la matinée, sur pas moins de 13 points de la Corrèze.
Coiffé d’un béret, vêtu de kaki, ce pêcheurlà pense avoir flairé la bonne affaire. Il n’est pas du coin, mais l’agitation près du pont des Carmes, à Tulle, ne manque pas de l’interroger. « Allons donc, je vais pouvoir revenir pêcher ! »
Sûrement pas. Car, des 75.000 petits poissons déversés dans la Corrèze, jeudi, tout au long de la matinée, aucun n’est destiné à finir dans les assiettes des Corréziens. « On essaie seulement de réintroduire l’espèce », explique Loic Guilhien, un seau d’eau à la main.
Ce technicien de l’association Migado (voir cicontre) a participé à un lâcher d’alevins de saumons atlantiques. Les premiers nés de l’espèce, dont le poids n’excède pas en core les 0,65 gramme, ont été déversés avec précaution à la confluence de la Vimbelle et de la Corrèze, au Moulin du Bos, et jusqu’à Vergonzeac. « Au total, nous avons réalisé des lâchés sur pas moins de 13 points », précise le technicien.
L’opération exige quelques précautions. Car avant de faire le grand saut, les poissons doivent d’abord s’être acclimatés à la température de la Corrèze. « Nous remplissons donc la cuve qui les contient avec l’eau de la rivière et un système de pompage. »
Quelques minutes après, les salmonidés sont attrapés à l’aide d’une épuisette, puis lâchés, avec douceur, entre les remous de la Corrèze.
Ils n’y resteront pas longtemps. « Le saumon est un pois (à droite) son migrateur », explique Loic Guilhien. « Il passe une partie de sa vie dans l’eau douce et une autre, dans l’eau salée. D’ici deux à trois ans, ils quitteront donc la rivière pour rejoindre l’océan. Certains le feront même dès l’année prochaine. Ce qui ne les empêchera d’ailleurs pas de retourner à leur lieu de naissance. »
Si le poisson a été réintroduit Réintroduire les espèces menacées. L’association Migado, qui oeuvre pour « la restauration et la gestion des poissons migrateurs de la Garonne et de la Dordogne », a son siège social à Ajeun. Elle possède aussi des bureaux techniques à Bordeaux et intervient, dans le Département mais aussi dans celui de la Dordogne, afin de procéder à des lâchés, comme jeudi, dans la Corrèze.
jeudi, c’est qu’il a presque disparu des rivières françaises. Barrage, pollution, surpêche… Les facteurs qui nuisent à l’espèce ne manquent pas. « C’est le cas pour presque tous les poissons migrateurs », observe le technicien.
« Peut-être qu’avec un peu de chance… »
Décidée à la dernière minute, l’opération menée jeudi doit permettre de réintroduire l’espèce durablement. « D’habitude, on procède à des lâchers dans la Dordogne, mais son débit était trop important ces derniers jours. »
Les pêcheurs venus observser le lâcher, eux, ne désespèrent pas. Yannick, originaire de Meymac, carresse même l’espoir de pouvoir dégainer sa canne à pêche. « Peutêtre qu’avec un peu de chance, dans quelques années, on pourra à nouveau les pêcher ! » ■
Pollution, barrages et surpêche, ennemis du poisson
PONT DES CARMES. Pour procéder aux lâchés, Jean-Christophe Semanaud, pisciculteur, et Loic Guilhein dû enfiler leurs bottes en caoutchouc, puis braver les eaux un tantinet froides de la Corrèze. ont
CUVE. Un système de pompage a drainé l’eau de la Corrèze dans la cuve afin d’acclimater les alevins à la température de l’eau de la rivière.