Lisa Simone, le jazz en héritage
■ La 19e édition de Jazz dans le bocage a lieu du 4 au 12 mai, dans le Bourbonnais
Le 19e festival Jazz dans le bocage, du 4 au 12 mai, reçoit une myriade d’artistes français et internationaux parmi lesquels Lisa Simone, la fille de… Un timbre similaire mais une joie communicative.
ÀTronget jeudi 10 mai, pour Jazz dans le Bocage, Lisa Simone interprétera son dernier album « My World » mais aussi des chansons, au moins trois morceaux, de son prochain album, dont le titre n’est pas encore défini.
■ À 56 ans, vous avez acquis une maturité artistique. « Au début des années 2010, j’étais très mal dans ma peau. J’ai étudié pendant trois ans la médiation, avec un professeur tibétain. C’est ce qui m’a sauvée. J’ai quitté mes habits de douleur, j’ai changé presque cent fois de peau. Je suis tellement heureuse que mon âme ait répondu à cet enseignement. Aujourd’hui, je peux à mon tour enseigner la méditation. Mais ce que je préfère, c’est rappeler aux gens, grâce au chant, de vivre avec leur coeur et leur âme. À cet égard mes musiciens et moi sommes comme une famille. Quand on monte sur scène, on est animé par cet esprit de partage et de joie. On a confiance les uns dans les autres, l’énergie circule et le public le ressent ».
■ Parlez-nous des musiciens avec qui vous préparez un troisième album solo. « Hervé Samb, guitariste francosénégalais, est l’un des fers de lance du son africain d’aujourd’hui, à la croisée du blues, du jazz, de rythmiques ancestrales. Il a travaillé avec Jimmy Cliff, Amadou et Mariam… Mes albums – le troisième sortira à l’automne 2018 – sont composés avec lui. Enfin, si Reggie Washington, le bassiste et contrebassiste, est américain, Sonny Troupé, le batteur, est aussi français, de Guadeloupe. Je vis aujourd’hui en France, dans la maison de ma mère à CarryleRouet, de plus en plus souvent. J’envisage même de demander la nationalité française ».
■ Cette confiance acquise vous a permis de quitter la comédie musicale et le chant choral ? « À la fin des années 90, je tournais avec un groupe acidjazz, Liquid Soul, puis je me suis produite à Broadway dans divers spectacles au début des années 2000. J’ai reçu un National Broadway Theater Award peu avant le décès de ma mère, en 2003. C’était un déclic. J’ai quitté Broadway et j’ai commencé à me produire en concerts avec d’autres chanteuses de soul et jazz, Lalah Hathaway, Indira Khan, Angélique Kidjo, Lizz Wright… ».
■ Mais aujourd’hui, vous n’avez pas envie de porter de revendications politiques comme votre mère ? « À l’image de mon dernier album “My World”, sorti en 2016, il n’y a pas de politique dans mon monde. Dans celui de ma mère, il en aurait été autrement. Pour elle, l’artiste avait une responsabilité sociale. Elle avait des combats. Bien sûr que pas mal de choses m’énervent, comme la situation aux ÉtatsUnis actuellement, mais je fais la part des choses. Moi, je veux rappeler aux gens comment être humain ». ■
SCÈNE. À 56 ans, Lisa Simone, au faîte de sa maturité artistique, sortira son troisième album solo à l’automne.