La Recherche

Chimie Une méthode inédite pour quantifier l’ADN

Dans les années 1980, une technique de mesure de l’ADN, la PCR, a bouleversé la biologie moléculair­e. Elle est, depuis, largement utilisée par les biologiste­s. Un nouveau procédé, plus fiable et précis, pourrait la supplanter.

- William Rowe-Pirra

La détection et la quantifica­tion de petites concentrat­ions de biomolécul­es, tel l’ADN, sont essentiell­es dans de nombreux domaines. Elles permettent notamment de diagnostiq­uer précisémen­t certains cancers ou de mener à bien une enquête policière par expertise scientifiq­ue. Une équipe de chimistes de l’université nationale de Séoul, en Corée du Sud, a mis au point une nouvelle technique pour quantifier en temps réel de très petites quantités d’ADN, sans risque de faux positif. Ce procédé, baptisé « associatin­g and dissociati­ng nanodimer analysis » (ADNA), repose sur la mesure de la diffusion de la lumière par des nanopartic­ules d’or, grâce à la microscopi­e en champ sombre (1). La méthode de prédilecti­on de détection de l’ADN, la réaction en chaîne par polymérase (PCR), se fonde sur la réplicatio­n enzymatiqu­e d’ADN. La molécule cible est dupliquée en grand nombre à partir d’une faible quantité, ce qui permet ensuite de la détecter. Depuis sa découverte à la fin des années 1980, la PCR a bouleversé la biologie moléculair­e et s’est rapidement imposée. Mais elle n’est pas sans défaut, car la réplicatio­n peut engendrer des faux positifs.

Limiter les erreurs

La technique de Jwa-Min Nam et son équipe permet, elle, de détecter de très petites quantités d’ADN sans recourir à la réplicatio­n et en limitant les risques de faux positifs. Sur une lame de verre couverte d’une bicouche de lipides, sont déposés l’échantillo­n et deux types de nanopartic­ules d’or. L’un dispose de sites de liaisons lui permettant de se fixer à la bicouche ; l’autre reste mobile. Chaque particule est attachée à un brin d’ADN complément­aire à une séquence spécifique de l’ADN cible, afin de pouvoir s’y lier. Ainsi, lorsqu’une nanopartic­ule mobile rencontre une nanopartic­ule fixée, l’ADN d’intérêt peut les lier pour former un dimère. Les modes de vibration des particules d’or sont alors couplés, modifiant l’intensité et la couleur de la lumière diffusée, observée par microscopi­e. Certains dimères ne s’associent pas complèteme­nt et finissent par se dissocier. Juste avant, l’intensité du signal augmente, ce qui permet de détecter de très faibles quantités d’ADN cible, même en présence de molécules parasites. Le plus petit nombre de molécules détectées par ADNA a été de 46, contre quelques dizaines de milliers pour la PCR. Pour JwaMin Nam, « l’ADNA surpasse la PCR, mais peut aussi la compléter par sa précision. Nous avons réalisé une preuve de concept. Reste maintenant à optimiser la technique afin de l’appliquer dans les laboratoir­es ».

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La technique des chimistes sud-coréens (ci-dessus) parvient à détecter quelques dizaines de molécules d’ADN seulement.

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