Sud-Ouest
Des promesses dans l’adversité !
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Pluie et froidure, un printemps des plus maussades… du jamais vu selon certains observateurs gascons ! Coulure, millerandage, hétérogénéité du cycle végétatif dans les vignes : le mauvais temps a partout perturbé la foraison, le potentiel de la future vendange s’en ressent. Le rétablissement est brutal début juillet, mais le soleil peine à stimuler des vignes éprouvées. Des orages de grêle, parfois dévastateurs, comme à Cahors le 18 juin ou à Bergerac le 2 août, contrarient le cycle végétatif.
La pluie revient début septembre, sitôt les grandes vacances fnies, alors que les raisins sont encore loin d’avoir atteint leur maturité. Les maladies et la pourriture menacent une vendange que la fragilité de certains cépages, le merlot notamment, oblige à anticiper. Quelques vignobles relativement épargnés par le climat et bénéfciant de cépages plus robustes ont pu faire le dos rond et attendre. Mais globalement, les rendements sont en baisse de 20 à 30 % et l’état sanitaire des raisins souvent problématique. 2013 fut donc un cauchemar pour les vignerons, mais paradoxalement une année intéressante du point de vue agronomique et intellectuel. Elle afrme avec force que le vin artisanal, de terroir (d’appellation protégée ou non) n’est pas un produit standardisé identique d’une année sur l’autre. Contrairement à ce qu’on a dit, malgré les “progrès de l’oenologie” régulièrement vantés par les médias, il y a encore des petits millésimes ! D’ailleurs, les “vignerons conventionnels” (ceux qui traitent) ont autant soufert que les “bios”… Un millésime de vigneron ? Chaque année, ou presque, on répète ce mantra ! 2013 met en lumière non seulement les meilleurs producteurs, les plus travailleurs et les plus méticuleux, mais aussi et surtout ceux qui sont parvenus à s’adapter à ces raisins fragiles, qu’on ne pouvait traiter comme ceux pleins de santé auxquels les années précédentes nous avaient habitués. L’obligation de faire des vins plus légers, plus immédiats a parfois abouti à des cuvées plus fnes et plus charmeuses que de coutume. Nées d’une donne compliquée, ces réussites de la sensibilité et de l’instinct infuenceront- elles l’approche stylistique des vignerons du Sud-Ouest dans les millésimes à venir ?