Domaines Georges Roumier et Armand Rousseau, en Côte de Nuits
Deux visions passionnantes des terroirs et de la vinifcation s’opposent dans ce magnifque face-à-face à Gevrey-Chambertin. De quoi bousculer les hiérachies et les convictions de nombreux amateurs.
En Bourgogne, le climat désigne une mosaïque de parcelles qui façonne le vignoble et fascine les amateurs du monde entier tant par leur diversité que par leur complexité. Pour ce face-à-face, nous avons tenté une expérience avec deux sommités de la Côte de Nuits, les domaines Georges Roumier et Armand Rousseau. Nous avons dégusté à l’aveugle leur charmes-chambertin et leur ruchottes-chambertin afin de comprendre si la hiérarchie et la représentation que nous avions de ces deux grands crus et climats étaient aussi flagrantes et pertinentes que nous l’imaginions.
L’identité des terroirs
Plus soyeux, fruité et facile d’accès, le charmes-chambertin est considéré comme le moins passionnant dans la hiérarchie des grands crus de ces deux domaines. Mais qu’en est-il lors d’une dégustation à l’aveugle ? À aucun moment, il n’a fléchi face au ruchottes-chambertin, plus serré et dense. Il faut croire que l’image que nous nous faisons d’un terroir finit par occulter sa nature profonde. Comme le souligne Delphine Roumier, « ici, le charmes-chambertin montre qu’il vieillit sans se rider, tandis que le ruchottes-chambertin part plus beau et s’altère avec l’âge » . Aucun des dégustateurs présents ce jour-là ne l’avait envisagé. Si la différence existe entre les climats, elle nous rend à chaque fois plus modeste sur la perception que nous en avons.
Le style des domaines
Sur les douze vins présentés lors de cette dégustation, les deux tiers environ pouvaient se reconnaître au style du domaine avant même l’identité de leur terroir. Si l’on y prêtait une réelle attention, plusieurs indices nous mettaient sur la voie. Le parfum apporté par la vendange entière nous guidait par exemple vers le domaine Georges Roumier, tandis que l’infime touche boisée d’un fût à peine usagé nous faisait pencher du côté des vins du domaine Armand Rousseau. Ici, le ruchottes-chambertin comme le charmes-chambertin développent un soyeux tellement particulier, comme si les raisins avaient été à peine effleurés. La qualité de leur texture est tout aussi remarquable.
Quant aux vins du domaine Georges Roumier, ils se distinguent, comme le souligne Éric Rousseau, par une sensation de jeunesse accrue, à la fois dans leurs parfums, leur fruit et leur densité. Cependant, leurs tanins restent toujours plus fermes.