PAR LES CARICATURISTES
L’attentat dont les dessinateurs et fondateurs de Charlie Hebdo ont été les victimes aura subitement fait prendre conscience aux citoyens, politiques et médias de la fragilité de la liberté d’expression, ainsi que de la nécessité de défendre collectivement cette valeur fondamentale des démocraties modernes. Cet inqualifiable assassinat donne à La Revue du vin de France l’occasion de rendre hommage à la confrérie des caricaturistes qui ont, dès le XIXe siècle, avec l’essor de la presse industrielle, régulièrement croqué le vin et ceux qui le boivent.
Les grinçants Daumier et Jossot avaient ouvert la voie. Dans le journal satirique La Caricature, en 1831 Daumier n’hésite pas à représenter le roi Louis-Philippe en Gargantua avalant des sacs d’or. HenriGustave Jossot dénonce, quant à lui, l’alcoolisme des parents dans l’hebdomadaire L’Assiette au Beurre, en 1900. Et que dire de l’infortuné président de la République Armand Fallières (de 1906 à 1913), propriétaire viticole à Nérac (47), et donc régulièrement représenté une bouteille de vin à la main car à l’Élysée, il aimait à parler de son domaine de Loupillon.
Dans les années 60, le fambeau est repris avec une causticité redoublée par une nouvelle génération de caricaturistes, parmi lesquels Wolinski et Cabu. Le premier se moque des frasques de la bourgeoisie et aussi des ouvriers. Deux mondes, selon lui, autant portés sur la bouteille que sur le sexe.
Très antimilitariste, le second impose bientôt son personnage du Grand Duduche, l’adjudant Kronenbourg puis Mon Beauf... Portés par l’esprit de mai 68, eux et bien d’autres frent les beaux jours d’une presse satirique devenue prolifque : Pilote, L’Écho des Savanes, Hara-Kiri, Charlie Hebdo et Le Canard Enchaîné. Autant de rédactions où l’on riait fort et buvait sec. Les plus motivés poussèrent même le bouchon jusqu’à dessiner des étiquettes pour les vignerons qu’ils aimaient. Nous les saluons tous ici, que leur joie demeure.