La Revue du Vin de France

Les vins “nature” veulent leur label

Une délégation de producteur­s de vins “nature” a été reçue par les fonctionna­ires de Bercy. Au menu, la création d’un label officiel “vin nature”. Une première.

- Julie Reux

Il est heureux, Jacques Carroget, mais il ne s’enflamme pas. Pour le moment, le vigneron “naturel” du domaine de la Paonnerie, en Muscadet, se montre humble : « Nous prenons la températur­e, rien n’est encore fait… » .

Il n’empêche : si rien n’est encore fait, les choses bougent. Carroget est l’un des piliers de l’Associatio­n des vins naturels (AVN). Flanqué de deux autres compagnons de lutte, Jacques Flouzat (Bourges) et Sébastien Riffault (Sancerre), il a rencontré à la mi-octobre les “officiels” de l’Inao et de la Répression des fraudes (DGCCRF).

Le temps du dégel

Pour Jacques Carroget, ce rendez-vous obtenu, même discret, marque un dégel. En effet, pour les agents de la Répression des fraudes, les vins naturels n’existent pas, cette mention n’ayant à ce jour pas été autorisée par l’administra­tion. « Plusieurs vignerons revendique­nt ce terme, mais il n’existe aucun cahier des charges » , rappellet-on à la DGCCRF.

Pour autant, tous les amateurs connaissen­t cette nouvelle catégorie de vins, très à la mode à Paris. « Les vins “nature” existent, le terme est passé dans le langage courant » , assène Jacques Carroget. « On en parle de plus en plus et l’Europe excerce aujourd’hui une forte pression » , convient Quentin GuyonnetDu­pérat, de la Répression des fraudes.

Avec le temps, une définition a été élaborée par l’AVN. Selon l’associatio­n, le vin “nature” doit avoir été produit sans aucun intrant chimique et accepter une dose de soufre inférieure à 30 mg/l pour les rouges et de 40 mg/l pour les blancs.

Mais l’AVN est-elle représenta­tive ? L’ a s s o c i a t i o n ne compte que cinquante membres, quand les vignerons “nature” sont des centaines. Pour Jacques Carroget, l’AVN est légitime pour porter la discussion devant les autorités. « Pour défendre les vins naturels, il faut aller vers une reconnaiss­ance officielle, estimet-il. Sous peine de voir l’épithète récupérée par des vins qui n’en sont pas. »

Consultati­on nationale

La suite ? Certains évoquent la création d’un label attribué par un organisme certificat­eur (l’AVN ?), une reconnaiss­ance de l’Inao à la façon des vins bio ou une appellatio­n. Ce ne sera pas facile, le terme “naturel” faisant encore débat. « Le monde viticole sera consulté et l’administra­tion tranchera » , explique Quentin Guyonnet-Dupérat pour qui l’informatio­n du consommate­ur et la concurrenc­e loyale entre tous priment avant tout.

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Selon Jacques Carroget, 500 vignerons pourraient mentionner “vin naturel” sur leurs étiquettes.
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En vogue dans les bistrots branchés parisiens, les vins “nature”sont à la recherche d’une reconnaiss­ance officielle.

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