« Il a fallu protéger notre système d’appellations sur Internet »
Le président de l’intergroupe “Vins, spiritueux et alimentation de qualité” à Strasbourg, décrypte trois dossiers au coeur des débats.
Rares sont les vignerons français qui le connaissent, La RVF l’a rencontré. Depuis début 2015, le député européen Herbert Dorfmann (PPE, Italie, Tyrol du sud), 46 ans, préside l’intergroupe “Vins, spiritueux et alimentation de qualité”, organe de concertation et de réflexion regroupant plus de 80 eurodéputés. Le jeune élu au Parlement de Strasbourg évoque trois dossiers emblématiques qui inquiètent la viticulture.
L’eurodéputé en convient, « il a fallu protéger notre système d’appellations d’origine mis en danger par la vente aux enchères des noms de domaines via l’Icann, le régulateur d’Internet au niveau mondial ».
Le Parlement européen s’est donc mobilisé avec les services de la Commission pour arracher un compromis sur ce sujet ultrasensible. « Les détails sont confidentiels mais, dans les grandes lignes, il y aura une sorte de priorité pour les appellations. Celles-ci pourront acquérir leur propre nom auprès de Donuts, la firme qui a acheté les noms de domaines génériques .vin et .wine » . La Champagne pourra ainsi racheter en priorité les noms de domaines .champagne.vin ou .champagne.wine.
Herbert Dorfmann reconnaît que la tendance aux étiquettes surchargées ne va pas s’inverser. « Il y a une forte pression du Parlement pour ajouter des informations sur les étiquettes. Par exemple la liste complète des intrants oenologiques présents dans le vin. »
Selon nos informations, certains parlementaires réclament aussi la mention des calories. Dorfmann confirme. « Signaler un ordre de grandeur ne serait pas si mal, mais il est difficilement concevable de demander à un petit vigneron de modifier ses étiquettes tous les ans parce que le taux d’alcool a varié d’un demi-pourcent et a modifié la teneur en kilocalories. Restons raisonnables ! »
Solution alternative évoquée par Herbert Dorfmann : rendre cette information accessible via le site internet des domaines.
« On parle beaucoup du partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, actuellement négocié par l’Union européenne et les États-Unis. On oublie qu’il y a d’autres marchés, comme l’Asie. Savez-vous que le Chili a supprimé les accises [taxes, ndlr] pour les vins à destination du marché chinois ? Faisons attention, il ne faut pas perdre ces débouchés » , plaide Herbert Dorfmann pour qui l’Europe devrait suivre l’exemple chilien.