La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)
Le commerce, en plein renouveau, à l’heure du virage digital
Le commerce à Nemours semble avoir surmonté l’épisode de la crue de juin 2016, en affichant un dynamisme certain depuis plus d’un an. Désormais, un autre chantier se profile pour les boutiques nemouriennes : le e-commerce.
142. C’est le nombre d’adhérents à l’association des commerçants et artisans Les Vitrines de Nemours. « Ils n’étaient que 35 avant que je prenne la présidence de l’association en février 2016 » , sourit Pascal Martin-Lavigne, gérant de la boutique d’antiquités Nemours Trouv’tout.
Alors que la réunion de rentrée de l’association a eu lieu jeudi 14 septembre, son président dresse un bilan
« positif » de l’année qui vient de s’écouler. Surtout, il ne veut pas « s’arrêter en si bon chemin » .
Le côté positif de la crue
« Des clichés circulent sur les conséquences de la crue sur le commerce à Nemours, comme quoi beaucoup de boutiques avaient fermé à cause des inondations,
s’insurge- t- il. C’est complètement faux ! Seulement cinq enseignes, qui étaient notamment en difficultés économiques, ne sont plus là. »
Et d’ajouter : « Nemours est devenue une ville de boutiques neuves, d’un seul coup, grâce à la crue. Les efforts que tout le monde a consenti à faire pour rénover chaque magasin de fond en comble, ce qui était déjà un besoin vital pour le commerce avant la crue, ont mine de rien reboosté le paysage économique de la commune. »
Fortement sinistré en juin 2016, avec
80 000 € de pertes d’exploitation et 40 000 € de travaux, Jérémy Cochet souscrit pleinement à ce constat. Le gérant de la pizzeria Speed’Pizz et adhérent des Vitrines de Nemours est un exemple de commerce qui a profité de la catastrophe naturelle pour remettre à flot son activité, et même l’améliorer.
« Je suis passé d’une quinzaine de places assises à presque 40, avec une disposition totalement repensée, témoigne celui qui a reçu en mai dernier le Trophée du commerce, des services et du tourisme d’honneur de la part de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Seine- et- Marne. Le concept a également changé : avant, on mangeait une pizza sur le pouce chez moi, mais désormais, on s’oriente plus vers une configuration restaurant. Je fais plus de clientèle qu’avant, notamment le midi. »
Cela n’a pas été sans frais pour Jérémy Cochet, obligé de sortir 15 000 € pour ces travaux. Mais il l’affirme haut et fort : « Sans la crue, je n’aurais jamais pu me permettre de fermer aussi longtemps pour rénover ma pizzeria ! Et globalement, pas mal de boutiques à Nemours, assez vieillottes pour la plupart, ont pu bénéficier de cette fenêtre de tir pour s’offrir un nouveau visage, bien plus accueillant. »
Selon CCI 77, 202 cellules commerciales sont actives dans le centre-ville de Nemours contre 32 locaux en état de vacance commerciale.
La crue désormais derrière elle, l’association Les Vitrines de Nemours et son président voient chaque mois « plu-
sieurs propositions et demandes d’ouverture » de nouveaux commerces sur la commune et notamment le centre-ville.
« C’est comme si Nemours avait retrouvé une certaine attractivité,
veut croire Pascal Martin-Lavigne. Mais c’est aussi grâce à l’association. Chez nous, on ne paye pas sa cotisation pour ne rien voir venir ensuite. Nous envoyons une lettre d’information au moins une fois par mois, nous avons diffusé 25 000 exemplaires de notre annuaire des commerçants, et nous mettons en place de nombreuses animations, comme pour cette fin d’année la braderie, la roue de la chance, les paniers de Noël, les soldes ou encore la soirée des commerçants. »
Antoine Carducci, chargé de mission commerce et tourisme à la CCI 77, loue lui aussi les efforts consacrés par l’association, dont il considère qu’elle est « la plus importante et la plus dynamique du Sud 77 » . « Cela a développé une certaine confiance vis-à-vis des porteurs de projets sur la commune, qui ne manquent pas,
confirme-t-il. Même s’ils cherchent des locaux d’une surface supérieure à ce qui peut être proposé sur la commune, ce qui nous oblige à travailler sur son remembrement commercial. »
E-commerce
Surtout, la mise en place de la page Facebook et du site Internet de l’association depuis un an apparaît comme une véritable « révolution » aux yeux de Pascal Martin-Lavigne. Car l’objectif affiché, c’est l’e-commerce.
« La vente en ligne, c’est l’avenir, souffle le président des Vitrines de Ne-
mours. Notre portail sur le web et sur les réseaux sociaux a vraiment fait progresser notre visibilité, puisqu’il renseigne les coordonnées et horaires des différents commerces et artisans, ainsi que leurs promotions. Il y a encore des efforts à faire, c’est indispensable si l’on veut survivre. À Nemours, beaucoup de potentiels clients prennent le train pour aller bosser sur Paris. Quand ils rentrent du boulot, il est trop tard pour qu’ils se rendent dans nos boutiques faire leurs achats. Alors, ils vont sur Internet, le soir. Ce sont ces personnes-là, qui n’iraient pas chez nous d’habitude, que nous devons fidéliser. »
Antoine Carducci, ne peut qu’abonder. Depuis plusieurs mois, il propose à l’association un accompagnement numérique précis avec différents ateliers à travers l’outil Google My Business.
« Cela permet au commerçant ou à l’artisan de référencer au mieux son établissement, afin que les clients ne puissent plus passer à côté lorsqu’ils font une recherche sur Internet, explique-t-il. On peut ajouter des photos de ses produits, de sa boutique, tout en mettant à jour ses coordonnées, ses horaires et en renseignant ses réseaux sociaux. L’objectif, c’est de revendiquer son identité sur Google, mais ils ne sont pas beaucoup encore à vraiment en maîtriser les rouages. »
Alors qu’une vingtaine de commerces nemouriens seraient déjà d’attaque pour se lancer dans l’e-commerce, Pascal Martin-Lavigne compte aborder le dossier de manière frontale
« début 2018 ».
« Attractivité » Nicolas FILLON Nicolas_FILLON