La Tribune de Lyon

Panisses/ cervelle de canuts et néo-- brasserie

- Par François Mailhes

Tout changement de propriétai­re oblige la clientèle à sortir de sa zone de confort. Auparavant, on aimait bien les burgers du Café de la place, place Sathonay. Ouvert depuis quelques jours, celui qui lui succède, le Sathonay — admirez la surenchère de précision de l’enseigne — ne fait pas de burgers ! Incroyable ! Et ce n’est pas un Alzheimer de la carte. Ce qui entre nous, fait déjà des vacances, tant le genre finit par parasiter l’écosystème de la restaurati­on lyonnaise. Qu’on se rassure, Sathonay sert de bonnes frites maison. Le lieu, très joli, à dominante bleu breton — l’océan Atlantique étant remplacé par une terrasse — ne ressemble plus à un bistrot de quartier, mais ce à quoi il est dévolu : une brasserie contempora­ine. Ici, pas question de choucroute ou de sole meunière, comme dans les Lagarde et Michard de la brasserie. La carte fixe, à choix multiples, n’est pas genrée : on passe du saucisson brioché à la douzaine d’escargots de Bourgogne, du carpaccio d’esturgeon aux nuggets d’aiglefin, de l’os à moelle coupé longitudin­alement à l’aïoli de poulpe, de la côte de veau au saumon fumé crème fraîche sans ressentir un besoin de Nautamine, comme pour certains voyages. On a apprécié, d’ailleurs, cette tentative d’entente cordiale entre Marseille et Lyon sous forme de panisses ( frites à base de farine de pois chiches) à tremper dans de la cervelle de canut ( fromage blanc assaisonné d’ail et d’herbes). Imaginer l’OM et l’OL pique- niquant sur le rond central, c’est osé. Les oeufs mimosa, en réalité de simples oeufs mayonnaise, avaient le goût et le tempéramen­t que donne la bonne dose de cow- boy moutardée ; le suprême de volaille jaune ( en fait, on nous a servi une cuisse, mais tout le monde n’est pas censé être zoologue) avait de la saveur et de la mâche. Certains nous on dit « c’est cher pour le quartier » , sous- entendu : « Sathonay- Les pentes, épicentre de la collusion entre marxisme et jus de

bouleau- hordes rouges du peuple et Khmers verts décroissan­ts » , selon la terminolog­ie Lyon People. Vrai, mais il faut relativise­r : le menu déjeuner vaut largement ses 23 € ( excellent aiglefin snacké, chou braisé et fregola sarde). Une belle carte des vins aussi talentueus­e que courte ( non, vous ne nous ferez pas dire Mimie Mathy) à tarifs mesurés ( Richaud, Terre de Galets, 27 €) accompagne une liberté de choix que l’on peut calculer en fonction de ses moyens. Attention, cependant, aux supplément­s légumes indiqués par une étoile. Outre la qualité générale, on salue le service 7/ 7, à toute heure, dont la petite friture sauce tartare.

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