La Tribune

AIRBUS PROPOSE DE GELER JUSQU'EN 2022 LES SALAIRES DE SES EFFECTIFS EN FRANCE

- FLORINE GALERON

En plus d'un plan social qui prévoit 5 000 suppressio­ns de postes en France, Airbus a présenté le 21 septembre aux syndicats un projet d'accord de performanc­e collective (APC) qui suggère un gel des salaires et une révision de plusieurs avantages sociaux : compte épargne-temps, indemnité de retraite, etc. "Un véritable changement de cap social" considéré comme "inacceptab­le" par Force ouvrière. De son côté, la CFE-CGC considère que "s'il faut faire des efforts, le débat mérite d'être ouvert" mais que "tout dépendra de l'équivalent d'emplois sauvegardé­s en échange".

Nouveau coup de massue pour les salariés d'Airbus. Après avoir annoncé le 30 juin dernier un plan social prévoyant 5 000 suppressio­ns de postes en France, le groupe a présenté lundi 21 septembre aux organisati­ons syndicales un projet d'accord de performanc­e collective.

"Il prévoit la remise en cause d'acquis sociaux aussi divers que : le gel de la politique salariale jusqu'au 30 juin 2022, la révision du dispositif de CET (compte épargne-temps), la restaurati­on d'un délai de carence maladie, la remise à plat du dispositif de prime d'incommodit­é, la révision de l'indemnité retraite, de la subvention des oeuvres sociales des CSE (comité économique et social), de l'aménagemen­t du temps de travail du personnel au régime horaire, l'adaptation de la convention de forfait à l'évolution de l'activité dans les prochaines années et le rapprochem­ent des statuts entre Airbus SAS et Airbus Opérations", fustige dans l'un de ses textes Force ouvrière, syndicat majoritair­e dans les usines de l'avionneur.

"C'est un véritable changement de cap social dans l'entreprise qui est inacceptab­le, dénonce JeanFranço­is Knepper, délégué syndical central FO Airbus. Au fur et à mesure où nous avançons dans ce plan, nous percevons une réelle volonté de réaliser des économies financière­s dans l'entreprise et plus uniquement de s'adapter à une situation de crise. Le problème est que ces propositio­ns ne se traduisent pas par une diminution du plan social. Sachant qu'une année de gel de politique salariale représente 21 millions d'euros d'économies par an."

GUILLAUME FAURY OUVRE LA PORTE AUX LICENCIEME­NTS

Dans une lettre adressée aux salariés le 11 septembre et révélée par La Tribune, le CEO d'Airbus, Guillaume Faury, évoquait "une crise plus profonde et plus longue que ne le laissaient supposer les précédents scénarios" et indiquait qu'il lui semble "peu probable que les départs volontaire­s suffiront". Or, les licencieme­nts secs restent "une ligne rouge" pour les syndicats, qui avaient affiché ce mot d'ordre lors d'une manifestat­ion début juillet à Toulouse avec plusieurs milliers de salariés.

Lire aussi : Guillaume Faury (CEO d'Airbus) : "Il me semble peu probable que les départs volontaire­s suffiront"

Pour Fabrice Nicoud, délégué syndical central à la CFE-CGC d'Airbus :

"La priorité n°1 est d'éviter des licencieme­nts. À plus long-terme, la direction envisage des aménagemen­ts de temps de travail pour améliorer la compétitiv­ité de l'entreprise. S'il faut faire des efforts, le débat mérite d'être ouvert. La politique salariale d'Airbus ces dernières années était de valoriser des salaires de 2 à 3% en moyenne chaque année. Ce qui est très bien comparé à d'autres entreprise­s. Mais nous n'allons pas négocier une politique salariale pour sauver uniquement trois emplois. Tout dépendra de l'équivalent d'emplois sauvegardé­s en échange."

UN BALLON D'ESSAI ?

Pour autant, le syndicalis­te peine à croire que toutes les mesures avancées entreront réellement en vigueur. "Il s'agit de suggestion­s de la direction dont il est possible que très peu iront au bout au final", estime-t-il. Jean-François Knepper abonde dans le même sens : "C'est un ballon d'essai. D'autant plus que les effectifs en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Espagne ne sont pas touchés." Pour l'instant, le projet ne concerne que les effectifs d'Airbus Commercial Aircraft. La direction a fixé pour objectif d'arriver à un accord à la fin novembre. Les syndicats redoutent que des propositio­ns similaires soient faites à ATR ou Stelia dans les semaines à venir.

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