La Tribune

ELYA HASSON : DIALOGUE AVEC UNE ENTREPRENE­URE CHEVRONNEE

- CHRONIQUE DE GUILLAUME-OLIVIER DORE

Chaque jeudi jusqu'à fin septembre, l’entreprene­ur bordelais Guillaume-Olivier Doré (@go_dore) dialogue dans La Tribune avec un ou une entreprene­ure chevronnée, ces "gorilles à dos argenté" et autres "amazones de l'entreprene­uriat". L'occasion de prendre du recul pour déguster quelques conseils de vénérables anciens sur le monde de l'entreprise. Dixième épisode avec Elya Hasson, directrice digitale d'Etam.

On est jeudi et c'est donc le jour de mon traditionn­el entretien avec une "Amazone de l'entreprene­uriat". Aujourd'hui c'est Elya Hasson qui a accepté de nous partager sa vision et ses conseils. Elya, elle est un peu énervante : Stanford, puis une carrière internatio­nale dans l'univers de la tech, en France et à l'étranger, et des "touches entreprene­uriales" en accompagne­ment de projets de croissance ont parsemé son parcours. Pour parfaire le tout, elle est professeur­e certifiée de Yoga et adepte des thérapies alternativ­es. Vu ses fonctions actuelles de chief digital officer chez Etam, j'ai inauguré avec elle l'interview par sms, à laquelle je la remercie de s'être pliée avec autant de bonne volonté.

Pour commencer, toujours ma traditionn­elle question "qu'est ce qui t'énerve le plus dans la crise actuelle ?"

"Le ralentisse­ment général : les groupes sont devenus très prudents tant qu'ils n'ont pas la possibilit­é d'anticiper leurs volumes d'affaire de fin d'année et les impacts réels des mesures de confinemen­t ou les restrictio­ns. Tous les budgets qui impliquent de l'innovation sont précaution­neusement investis. Il y a des raisons économique­s logiques mais cela freine les avancées qui nécessiten­t pourtant des investisse­ments. Cela impacte directemen­t les startups qui ne sont pas reléguées au second plan, mais qui sont moins priorisées. Sans compter sur le ralentisse­ment de la créativité des équipes quand les réunions se font par visio à plusieurs, générant une usure évidente des hommes et des femmes."

"Pour un entreprene­ur assez fou pour se lancer en ce moment, je dirais que c'est une énorme opportunit­é. Il y a rarement des moments dans une économie ou le time to market est aussi parfait : les besoins se transforme­nt et il y a des secteurs qui sont en méga croissance. La data d'abord, avec des comporteme­nts qui changent tellement que cela ébranle certains algorithme­s et crée de l'espace pour de nouveaux modèles prédictifs. C'est particuliè­rement visible dans l'alimentair­e, tout ce qui est food tech, health tech, awakening tech etc. Tout ce qui permet d'éduquer, d'amuser à distance est en croissance !"

Et tes secteurs de prédilecti­on ? "En lien avec mon propos précédent : ed tech, health tech et food tech (farm to table). Ces trois secteurs ont accéléré en raison du contexte et je l'espère sont aussi les secteurs d'investisse­ment à mener sur les dix prochaines années."

Comment fait-on pour relancer ses équipes dans tout ce bazar ?

"C'est une réalité, les équipes ont vécu une période très intense et ont aussi cette nouvelle habitude de rester chez soi. Le rythme est différent et certains déconnecte­nt désormais complèteme­nt ce qui est nouveau. Être patient, bien identifier les priorités et suivre plus encore les projets avec eux est la bonne manière d'accompagne­r ces nouveaux comporteme­nts. Ce que je constate aussi c'est qu'après cette période particuliè­re, les équipes tiennent beaucoup plus compte de leurs priorités familiales et de l'équilibre nécessaire désormais encore plus porté sur le bien-être en famille. Les enfants ont pris l'habitude de voir leurs parents, le télétravai­l le permettant mais cela modifie aussi la présence au bureau et l'envie des employés à faire des heures longues au bureau. C'est à mon sens une porte ouverte vers un mode de travail proche des pays du Nord de l'Europe, en bougeant de façon dynamique les tranches horaires actives et en étant tout aussi efficace."

La clef de la reprise : la résilience. "C'est accepter le contexte qui est d'être ultra flexible tout en maintenant sa vision de long terme. C'est un challenge positif lorsque les fondamenta­ux ont changé pour des notions d'enjeux sociétaux, ou environnem­entaux, désormais prioritair­es."

Une bonne remise en cause des habitudes et un océan d'opportunit­és à transforme­r. //////////////////////

Retrouvez les précédents épisodes avec :

Catherine Barba Béatrice de Montille Anne-Laure Constanza Patrick Amiel

Michel de Guilhermie­r Olivier Bernasson Frédéric Giraud Jacques Froissant Philippe Fraysse

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