Le chiffre 7 : clé de la réussite pour le futur lanceur européen Ariane 6
L’Agence spatiale européenne (ESA) a donné en janvier le top départ pour le développement de son premier lanceur low cost Ariane 6. Le CNES vise une mise en service dans sept ans.
70 millions d’euros, 7 ans 7 tonnes. Selon le Centre national d’études spatiales (CNES), les prix de lancement d’Ariane 6 s’élèveront à 70 millions d’euros pour une charge utile allant jusqu’à 7 tonnes. Et le CNES se donne 7 ans pour développer le futur lanceur européen à partir de 2014, date de décision finale d’engagement du programme, lors de la prochaine conférence des ministres en charge de l’espace des pays membres de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le chiffre 7 sera… ou pas, la clé de la réussite d’Ariane 6, dont le projet a été adopté en novembre dernier lors de la dernière conférence ministérielle de l’ESA.
En revanche, le coût de développement du lanceur est quant à lui estimé à 4 milliards d’euros, en incluant les coûts de management et 20 % de marges liées aux éventuels aléas. Ce qui est la norme pour les grands programmes de l’ESA. L’Agence spatiale a donné le 9 janvier le top départ pour le développement d’Ariane 6, qui sera le futur lanceur low cost européen.
« On veut faire un Falcon [lanceur américain de SpaceX, ndlr] à l’européenne », explique-t-on au CNES. Le CNES ne part pas de zéro pour développer Ariane 6. Après avoir commencé à travailler à partir de 2008, les équipes du CNES avaient déjà dans leurs cartons plusieurs projets de lanceurs. Depuis cet automne, ils ont progressivement affiné leur choix grâce à la plate-forme de simulation numérique Penelope. Des essais aérodynamiques à Modane (Savoie) avec l’aide d’Astrium ont permis de choisir parmi une trentaine de versions, celle qui va être testée jusqu’en 2014, date de la décision de lancer Ariane 6. Auparavant, le CNES a quand même testé plus de 120 versions différentes. « Il y a un travail considérable de comparaison qui a été réalisé » , explique-t-on chez Arianespace. « Nous avons choisi la version la plus prometteuse », précise-t-on au CNES.
Le CNES a trouvé la future zone du pas de tir
Mais il s’agira de confirmer la « faisabilité » du concept retenu, la configuration dite « PPH » avec quatre boosters à propergol solide en nombre variable (deux étages à propergols solides – à poudre – et un troisième étage à propulsion liquide – hydrogène-oxygène). Il serait doté du moteur rallumable Vinci (développé par Safran), commun avec Ariane 5 ME. « La propulsion solide est hyperfiable et le lanceur sera hyperdisponible » , avance-t-on au CNES.
« Nous avons repris les fondamentaux de SpaceX [la société qui fabrique le lanceur Falcon 9, ndlr], souligne-t-on au CNES. On va rationaliser la production qui sera concentrée sur quelques sites ». Cela doit entraîner une diminution drastique des coûts fixes du lanceur. Objectif, faire reculer les coûts opérationnels de 40 % par rapport à Ariane 5, ce qui est « ambitieux », fait-on valoir. « Nous sommes en train de mettre en ordre de marche l’industrie spatiale ».
Le CNES a également trouvé la future zone du pas de tir d’Ariane 6 (EL4) au coeur du centre spatial guyanais (CSG). L’essentiel du lanceur sera intégré sur place. Plusieurs emplacements sont étudiés et des prospections géologiques sont actuellement réalisées pour déterminer le meilleur site pour le pas de tir qui sera doté d’un portique.
« L’emplacement exact du pas de tir sera décidé dans le courant de 2013, avec l’aide du CSG », indique-t-on au CNES. « Il est acquis qu’il y aura une période de recouvrement entre Ariane 5 et Ariane 6 » , explique-t-on chez Arianespace. Avant de renoncer définitivement à Ariane 5, il faudra que le lanceur Ariane 6 prouve sa fiabilité et arrive à maturité. Pour exemple, Ariane 5 a été mise en service opérationnel en 1996… Ariane 4 a fonctionné jusqu’en 2003. Soit environ sept ans de recouvrement. « Il s’agira également d’anticiper avec intelligence l’arrêt de l’ancienne version », estime-t-on.