La Tribune Hebdomadaire

Le chiffre 7 : clé de la réussite pour le futur lanceur européen Ariane 6

- Michel Cabirol

L’Agence spatiale européenne (ESA) a donné en janvier le top départ pour le développem­ent de son premier lanceur low cost Ariane 6. Le CNES vise une mise en service dans sept ans.

70 millions d’euros, 7 ans 7 tonnes. Selon le Centre national d’études spatiales (CNES), les prix de lancement d’Ariane 6 s’élèveront à 70 millions d’euros pour une charge utile allant jusqu’à 7 tonnes. Et le CNES se donne 7 ans pour développer le futur lanceur européen à partir de 2014, date de décision finale d’engagement du programme, lors de la prochaine conférence des ministres en charge de l’espace des pays membres de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le chiffre 7 sera… ou pas, la clé de la réussite d’Ariane 6, dont le projet a été adopté en novembre dernier lors de la dernière conférence ministérie­lle de l’ESA.

En revanche, le coût de développem­ent du lanceur est quant à lui estimé à 4 milliards d’euros, en incluant les coûts de management et 20 % de marges liées aux éventuels aléas. Ce qui est la norme pour les grands programmes de l’ESA. L’Agence spatiale a donné le 9 janvier le top départ pour le développem­ent d’Ariane 6, qui sera le futur lanceur low cost européen.

« On veut faire un Falcon [lanceur américain de SpaceX, ndlr] à l’européenne », explique-t-on au CNES. Le CNES ne part pas de zéro pour développer Ariane 6. Après avoir commencé à travailler à partir de 2008, les équipes du CNES avaient déjà dans leurs cartons plusieurs projets de lanceurs. Depuis cet automne, ils ont progressiv­ement affiné leur choix grâce à la plate-forme de simulation numérique Penelope. Des essais aérodynami­ques à Modane (Savoie) avec l’aide d’Astrium ont permis de choisir parmi une trentaine de versions, celle qui va être testée jusqu’en 2014, date de la décision de lancer Ariane 6. Auparavant, le CNES a quand même testé plus de 120 versions différente­s. « Il y a un travail considérab­le de comparaiso­n qui a été réalisé » , explique-t-on chez Arianespac­e. « Nous avons choisi la version la plus prometteus­e », précise-t-on au CNES.

Le CNES a trouvé la future zone du pas de tir

Mais il s’agira de confirmer la « faisabilit­é » du concept retenu, la configurat­ion dite « PPH » avec quatre boosters à propergol solide en nombre variable (deux étages à propergols solides – à poudre – et un troisième étage à propulsion liquide – hydrogène-oxygène). Il serait doté du moteur rallumable Vinci (développé par Safran), commun avec Ariane 5 ME. « La propulsion solide est hyperfiabl­e et le lanceur sera hyperdispo­nible » , avance-t-on au CNES.

« Nous avons repris les fondamenta­ux de SpaceX [la société qui fabrique le lanceur Falcon 9, ndlr], souligne-t-on au CNES. On va rationalis­er la production qui sera concentrée sur quelques sites ». Cela doit entraîner une diminution drastique des coûts fixes du lanceur. Objectif, faire reculer les coûts opérationn­els de 40 % par rapport à Ariane 5, ce qui est « ambitieux », fait-on valoir. « Nous sommes en train de mettre en ordre de marche l’industrie spatiale ».

Le CNES a également trouvé la future zone du pas de tir d’Ariane 6 (EL4) au coeur du centre spatial guyanais (CSG). L’essentiel du lanceur sera intégré sur place. Plusieurs emplacemen­ts sont étudiés et des prospectio­ns géologique­s sont actuelleme­nt réalisées pour déterminer le meilleur site pour le pas de tir qui sera doté d’un portique.

« L’emplacemen­t exact du pas de tir sera décidé dans le courant de 2013, avec l’aide du CSG », indique-t-on au CNES. « Il est acquis qu’il y aura une période de recouvreme­nt entre Ariane 5 et Ariane 6 » , explique-t-on chez Arianespac­e. Avant de renoncer définitive­ment à Ariane 5, il faudra que le lanceur Ariane 6 prouve sa fiabilité et arrive à maturité. Pour exemple, Ariane 5 a été mise en service opérationn­el en 1996… Ariane 4 a fonctionné jusqu’en 2003. Soit environ sept ans de recouvreme­nt. « Il s’agira également d’anticiper avec intelligen­ce l’arrêt de l’ancienne version », estime-t-on.

 ?? [PHILIPPE BAUDON / CNES / AFP] ?? L’objectif du CNES est de faire reculer les coûts opérationn­els d’Ariane 6 de 40 % par rapport à Ariane 5.
[PHILIPPE BAUDON / CNES / AFP] L’objectif du CNES est de faire reculer les coûts opérationn­els d’Ariane 6 de 40 % par rapport à Ariane 5.

Newspapers in French

Newspapers from France