"DANS LES TELECOMS, L'UE REMET EN CAUSE CERTAINS DOGMES ABSOLUS"
Associé du cabinet d’affaires Jones Day et spécialiste des télécoms et des médias, Rémy Fekete revient sur le projet de réforme des télécoms de l’Union européenne initié par JeanClaude Juncker, le président de la Commission européenne, il y a deux semaines. Celui-ci vise notamment à assouplir la régulation dans le déploiement des réseaux à très haut débit, dans la fibre en particulier, pour donner un coup d’accélérateur aux investissements. LA TRIBUNE - Pourquoi, d'après vous, le discours de Jean-Claude Juncker laisse présager un chambardement concernant la politique de l'UE en matière de régulation des télécoms? RÉMY FEKETE - C'est effectivement un changement de paradigme parce que, jusqu'à présent, la logique de la régulation des télécommunications de l'UE vise essentiellement à accentuer la concurrence dans un but de baisser les prix au profit du consommateur final. Par le passé, cela a merveilleusement bien fonctionné, en particulier pour le GSM et un peu pour la 3G, et cela a permis, sur des activités de téléphonie mobile à haut rendement, d'imposer aux opérateurs de partager leurs infrastructures [essentiellement les antennes, Ndlr]. La régulation reposait notamment sur le principe à visée consumériste d'orientation des tarifs vers les coûts, ce qui au final, profite au consommateur.