La pomme, toujours maltraitée, souvent pomme de discorde.
Les religions sont imprégnées de ce fruit qui a « oxydé » les consciences. Il est, paraît-il, la source du péché originel qui entache depuis lors tous les hommes. Selon les récits bibliques de la Genèse, Dieu a interdit à Adam et Eve de consommer le fruit défendu. Mais le serpent Nahash tente Eve qui le croque et le partage avec Adam. C’est au Ve siècle que la magistrale erreur apparaît. Les moines copistes ont commis une confusion de traduction sur le latin malum (la pomme) en l’assimilant au mal. D’où l’expression : « E malo nascitur omne malum » qui signifie « c’est de la pomme qu’est né tout le mal ». Si la traduction avait été juste on aurait dû parler du fruit défendu. Les Romains considéraient la pomme comme le symbole de la force et la représentation du soleil. Ensuite les empereurs du Saint-Empire ont rajouté une croix qui s’est imposée comme emblème royal jusqu’à Napoléon.
La pomme, le fruit le plus consommé, est aussi le plus maltraité. Le dicton contestable « une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours », invite au doute. On demande à la terre de produire plus avec la « révolution verte » en injectant à la plupart des fruits et légumes des traitements chimiques. Le « fruit défendu » (slogan des défenseurs du bio) subit 36 contaminations chimiques successives pour apparaître toute l’année parfaitement frais. Même en lavant la pomme, en l’épluchant, les résidus accumulés pénètrent dans la pulpe. La polyphénoloxidase, cette enzyme qui participe à l’oxydation de la pomme, est remise en question par un traitement hormonal à l’aide d’un gaz puissant. Il stoppe la production d’éthylène qui déclenche la maturation, mais aussi le vieillissement de la pomme. Ce traitement chimique la rend stérile mais parfaite physiquement pour le consommateur durant 14 mois.