Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Gens du voyage : la Ville explique sa politique
Lors d’une réunion publique, la semaine dernière, le maire de Carrières-sous-poissy, Christophe Delrieu, a présenté les actions de la Ville et de la communauté urbaine pour tenter de contenir et contrôler les installations de gens du voyage.
Climat d’inquiétude
Les habitants présents à la réunion publique, lundi 6 novembre, à la salle Louisarmand, ont insisté sur les nuisances suscitées par la présence de nombreuses caravanes sur le territoire communal (le jour de la réunion, la Ville dénombrait 118 caravanes).
Une jeune maman qui vit seule avec son enfant dans un 57 m2 dont les fenêtres donnent directement sur un terrain occupé par les gens du voyage a manifesté sa détresse : « Aujourd’hui je ne peux pas vendre car si je le fais, je dois sacrifier le prix de vente de - 30 000 € et derrière je ne pourrais pas racheter. » Les habitants insistent sur les nuisances visuelles et le déficit d’image pour la commune. « Que l’on vienne d’un côté ou de l’autre, lorsqu’on arrive à Carrières, on voit beaucoup de caravanes », déplore une habitante.
Pour la Ville, se pose aussi la problématique des raccordements illégaux aux canalisations d’eau (généralement via les bornes incendie) et aux réseaux d’électricité de la commune ou de propriétaires privés.
Nombre de personnes ont également insisté sur le climat d’insécurité et de délinquance dans la commune au point de vouloir quitter Carrières.
Sur ce point, le maire a fait savoir que dans le quartier centre, les responsables présumés des cambriolages, dégradations de véhicules et autres méfaits, n’étaient pas des gens du voyage ni des Roms mais bien des jeunes habitants du quartier. « Trois ont été interpellés, deux sont en fuite. »
Les contraintes de la loi
Christophe Delrieu a insisté sur le fait que, depuis les années 90, le législateur imposait aux communes d’accueillir les gens du voyage. « Lorsque nous avons aménagé le nouveau cimetière au début des années 90, il a fallu prévoir une extension pour assurer cet accueil. Les premières caravanes s’y sont installées puis cela a débordé sur les terrains privés. » Le maire cite la loi du 21 janvier 2017 qui, dit-il protège les gens du voyage sédentarisés. « Les personnes qui occupent un terrain depuis longtemps et dont les enfants sont scolarisés dans la commune bénéficient désormais du droit au logement. Il n’y a plus d’urgence à les expulser. »
Cette nouvelle règle contraint les communes à anticiper des aménagements en dur pour accueillir ces gens du voyage dits sédentarisés. À Carrières, cet aménagement pourrait voir le jour à côté du cimetière.
Les actions du maire
« Petit à petit, nous poussons les gens du voyage en dehors de l’agglomération pour qu’on ne les ait plus à l’intérieur de la commune », commente le maire. Ces expulsions sont accompagnées de mesures de sécurisation des accès aux sites qu’ils occupaient jusque-là, notamment le parc du Peuple de l’herbe, le parc d’activités des Trois-cèdres, les alentours du centre Leclerc Saint-louis et du stade Bretagne, etc. « Nous avons laissé ceux qui se trouvaient au niveau du cimetière et nous avons décalé les caravanes situées sur le chemin de Pissefontaine de sorte à les éloigner des habitations. »
Désormais, les caravanes de grand passage sont priées de s’installer dans la zone de compensation écologique située en face du rond-point de la Fabrique 21 « car nous sommes maîtres de ces terrains » ainsi que sur un terrain « à côté de la casse, en face de la centrale Azalys, qui lui aussi est géré par les institutions. »
Le maire explique que la commune a investi dans du matériel pour pouvoir creuser rapidement des tranchées afin d’empêcher l’accès des caravanes. « Nous allons aménager des merlons de terre, installer des éléments en béton, des portails et différents obstacles pour tenter de les canaliser. Derrière, la police municipale est chargée de surveiller que rien ne bouge. » Les trois zones à sécuriser en priorité selon l’édile : le parc du Peuple de l’herbe, la plaine de Chanteloup et la zone du château Vanderbilt et de l’écopôle.
Le cas des Roms
Les deux camps de Roms qui se trouvaient sur le territoire de la commune ont été évacués par les forces de l’ordre l’été dernier. « Le problème est que lorsqu’on les expulse d’un endroit, ils ne vont jamais très loin. » Un camp s’était créé début septembre à Poissy et a dû être évacué à son tour.
Pour empêcher les Roms ou les gens du voyage de s’installer dans la plaine de Chanteloup, il est prévu de la nettoyer de tous ces déchets confiés par les entreprises locales aux Roms moyennant rétribution. Le coût pour les collectivités locales et l’état s’élève à 1 million d’euros. « Nous allons ensuite occuper ces terrains de manière humaine et agricole, en partenariat avec le lycée horticole de Saint-germain-en-laye pour prévenir tout risque d’occupation illégale. »
Un habitant a suggéré de labourer ces terres. « On ne se l’interdit pas, répond le maire, mais il faut d’abord obtenir l’accord des propriétaires des terrains. »