COUP DE FREIN

Je vais adresser à Brian Cookson, président de l’UCI, un courrier suggérant de mettre une autre paire de manettes de frein sur le haut du cintre : les vélos route professionnels seraient ainsi équipés de quatre manettes de frein et de quatre paires de patins de frein ou de deux disques et de deux paires de patins. Au vu de la légèreté des cadres, le poids du vélo ne pâtirait pas de ce matériel rajouté, placé pour une conduite plus sûre. La question du freinage à disque ou sur jantes pourrait ainsi être tranchée. Dans les propos recueillis par A. Vayer (Le Cycle no 447), B. Cookson parle d’amener les gamins au vélo en convainquant leurs mères : certes, mais que cela ne soit pas au détriment de la sécurité. Votre éditorial de mai 2013 sur la dangerosité de la pratique cycliste contient des remarques qui sonnent juste. Pour être explicite, l’impossibilité de freiner à temps sur un vélo de course parce qu’on a les mains sur le haut de guidon et l’emboutissage d’un coffre de voiture avec un constat à l’amiable à remplir m’ont amené à réfléchir. Cette réflexion a été prolongée par la lecture d’un article de faits divers, paru dans Le Parisien : un cycliste âgé de 75 ans percute un lièvre sur la route et décède à l’hôpital, malgré le port de son casque. À quand Le Cycle pose une question du type : pensez-vous que le freinage sur les vélos de course puisse être amélioré ?

Marc Ganzevoort Sur certaines courses (notamment les Flandriennes) les pros utilisent déjà des leviers supplémentaires. Mais pour des raisons de confort, car sur certaines routes pavées, il est plus facile de rouler avec les mains en haut pour préserver l’équilibre. La pratique est également très répandue en cyclo-cross pour les mêmes raisons. Cela leur permet de freiner sans lâcher prise. Mais cela ne les empêche pas d’être concentrés et attentifs à tout. Les freins actuels sont déjà très efficaces dès lors qu’ils sont bien montés (combien de leviers sont mal positionnés…), réglés (position des patins, courses, etc.), entretenus (usures des patins et plaquettes, gaines, câble, jeu, etc.) et surtout utilisés comme il faut. Comme pour le reste, il faut apprendre à maîtriser le freinage et à utiliser ses freins… Car même avec des freins de camion sur son vélo, si on n’est pas attentif ou qu’on ne sait pas les utiliser, ce ne sera pas efficace pour autant. Le freinage, c’est un tout. Doubler le système de freinage comme vous le préconisez imposerait également de revoir les cadres et les fourches afin qu’ils soient compatibles avec les contraintes imposées : nouvelle implantation de la seconde paire d’étriers, compatibilité des fourches disque avec le freinage sur jante, etc. Il faudrait également rendre les roues à disque compatibles avec le freinage sur jante et dès lors leur faire perdre « leurs avantages » de poids en périphérie ou d’absence de chauffe au niveau des flancs. L’impact en matière de poids et de performance ne sera pas anodin non plus… Il faudrait également dans ce cas trouver le bon levier au bon moment ! Pas sûr qu’on gagne en réactivité, l’élément le plus important dans le freinage quand on a la puissance… permette de relancer facilement. Lequel des deux répond le mieux à ces critères ? J’ai toujours un Trek 5900 des années 2000, car je n’ai toujours pas trouvé mieux malgré plusieurs tentatives.

Jean-Pierre Couminal