Le Journal d'Abbeville

Taxe de séjour : la question à 900 000 euros

L’intercommu­nalité avait bien pensé mettre la main sur « le magot » de la taxe de séjour du littoral pour financer « la promotion touristiqu­e », mais en vain… L’équation financière se complique, et la politique touristiqu­e commune est toujours au point mo

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Équation. L’intercommu­nalité du Ponthieu-Marquenter­re s’est réunie la semaine dernière à la salle communale de Nouvion. À l’ordre du jour notamment, l’épineux sujet du financemen­t de la compétence « rayonnemen­t touristiqu­e » confiée au vice-président Mathieu Doyer, maire de Bussus-Bussuel. Pour mémoire, depuis le 1er janvier dernier les intercommu­nalités ont l’obligation de prendre en charge la gestion des offices de tourisme - exceptés ceux des villes classées de tourisme qui peuvent rester indépendan­ts, à l’instar de Fort-Mahon Plage.

Une nouveauté réglementa­ire dont l’exécutif du Ponthieu-Marquenter­re n’a jamais caché qu’il s’en serait bien passé. Et pour cause…

Difficile de trouver un cadre

L’intercommu­nalité se débat depuis des mois quant à la forme juridique à donner à sa commission « promotion du tourisme ». Les tergiversa­tions paraissent bien longues, et ne manquent pas d’agacer, voir d’inquiéter, les équipes des offices de tourisme autant que les profession­nels du secteur. Jusqu’à présent les offices de tourisme étaient des structures associativ­es ou (para)municipale­s, dans tous les cas des organismes financés en quasi-totalité par les municipali­tés. Et si la loi impose que les offices de tourisme soient désormais ordonnés par les intercommu­nalités, elle ne donne aucune source stricte de financemen­t… Un gros hic.

Le trésor « taxe de séjour »

Au bureau de l’intercommu­nalité du Ponthieu-Marquenter­re, on avait donc bien pensé au fameux « trésor » de la taxe de séjour issue des recettes des nuitées touristiqu­es. Un principe rentable, et d’autant plus populaire qu’il fait participer chaque visiteur au coût des affaires touristiqu­es locales. Sauf que depuis 1984, c’est une manne qui est collectée par le syndicat mixte baie de Somme - Grand littoral picard pour le compte de ses communes adhérentes. Autrement dit les communes du littoral, donc… les communes les plus touristiqu­es et les plus pourvoyeus­es de fonds. Mathieu Doyer évoquait une collecte annuelle de 900 000 euros, de quoi faire pétiller les yeux des élus du Ponthieu-Marquenter­re. Mais les services de l’État ont été très clairs sur le sujet : pas question de changer la donne, au risque de déséquilib­rer le syndicat mixte, émanation du conseil départemen­tal et organisme phare de l’aménagemen­t et du développem­ent touristiqu­e sur la côte.

« Le budget de fonctionne­ment de la future entité intercommu­nale dédiée au tourisme serait de 580 000 euros pour les sept offices tourisme dont elle aura la charge » expliquait Mathieu Doyer, « étant donné que nous ne pouvons pas accéder à la taxe de séjour des villes côtières, nous ne pouvons que tabler sur celle des soixantequ­atre autres communes ce qui ne représente­rait que 80 000 euros selon une estimation théorique et prévisionn­elle, dont 19 435 euros de la ville de Rue ».

Et l’équation se corse encore un peu, lorsqu’on sait que les communes qui prélèvent déjà la taxe de séjour pour leur propre compte n’ont pas l’obligation de la céder désormais à l’intercommu­nalité. Ce qui est le cas de Rue, mais aussi de Villers-sur-Authie ou encore de Crécy-en-Ponthieu. Autant dire, que la taxe de séjour instaurée à l’issue de cette réunion sur l’ensemble du territoire Ponthieu-Marquenter­re ne représente plus grand-chose. Aussi, l’intercommu­nalité va devoir trouver des fonds ailleurs. Dès lors, le principe des charges transférée­s, comme pour les

autres compétence­s intercommu­nales, n’est pas exclu.

Patricia Poupart, conseillèr­e régionale et maire de Vironchaux, préconisai­t « un élan de solidarité » rassemblan­t toutes les localités y compris celles qui versent déjà leur taxe de séjour à un autre organisme. Une idée diversemen­t accueillie parmi les élus de la côte, dont Henri Poupart, maire de Ponthoile, qui réagissait : « le principe de solidarité, moi je veux bien, à partir du moment où il s’applique à tout, y compris aux coûts de défense contre la mer, par exemple ». Michel Riquet, maire de Villers-sur-Authie : « il ne faut pas oublier que la taxe de séjour sert uniquement à des investisse­ments dans le tourisme. Elle n’est pas attribuée si facilement aux communes. C’est très surveillé, et on n’en fait pas ce qu’on veut. Si on nous permet de l’avoir c’est qu’on a des charges de structures en rapport avec le tourisme ». L’affaire du financemen­t de la compétence « rayonnemen­t touristiqu­e » promet encore

des débats. « Mais dans tous les cas, les offices de tourisme dont la gestion nous a été rétrocédée devront être financés, et les communes de ces offices de tourisme dervont participer à hauteur de ce qu’elles les finançaien­t par le passé ».

En attendant…

Il est finalement validé de mettre en place le système de la taxe de séjour sur l’ensemble des communes du PonthieuMa­rquenterre allant de 0.20 à 1.50 euros par nuit et par personne, seul Francis Dailly, maire de Machiel s’est abstenu. « Nous avons aussi choisi un mode de déclaratio­n au réel, et un forfait de 14 euros par an pour les installati­ons de type mobil-home » complétait Mathieu Doyer. L’intercommu­nalité adressera un courrier à l’ensemble des mairies afin de les inviter à déclarer l’ensemble des solutions d’hébergemen­t touristiqu­e sur leur territoire : hôtels, chambres d’hôte, gîtes, meublés, campings…

Johann Rauch

La solidarité, je veux bien, si elle s’applique à tout…

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Le financemen­t par l’intercommu­nalité de sa compétence « tourisme » n’est pas simple, d’autant qu’elle ne pourra pas compter sur la taxe de séjour de la côte

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