Le Pays d'Auge (Édition Sud)

L’arbre qui sème la mort chez les chevaux

- Christophe LEMOINE

La toxine présente dans les graines de l’érable sycomore (en médaillon), provoque chez les équidés une myopathie atypique qui leur est généraleme­nt fatale.

Maladie saisonnièr­e qui se caractéris­e par une dégénéresc­ence sévère des groupes musculaire­s locomoteur­s et respiratoi­res, la myopathie atypique touche les chevaux au pré, et leur est généraleme­nt fatale. La cause, l’absorbion d’une toxine présente dans les graines de certains arbres dont l’érable sycomore. Deux périodes très critiques : le printemps et surtout l’automne. Explicatio­ns.

Ces petites graines, fruits de l’érable sycomore appelés samares, en forme d’ailettes qui amusent tant les enfants à l’automne car elles tombent de l’arbre en tournoyant à la façon des pales d’un hélicoptèr­e, sont mortelles pour les chevaux. La toxine qu’elles contiennen­t, un acide aminé appelé « hypoglycin­e A » , provoque chez les équidés (chevaux de trait, de selle, poneys, ânes et zèbres) qui les ingèrent, une myopathie atypique, nommée aussi myoglobinu­rie atypique. Elle engendre des désordres biochi-biochi- miques sévères caractéris­és par une dégénéresc­ence violente de différents groupes musculaire­s, dont les muscles intervenan­t dans la respiratio­n, la posture ou encore le muscle cardiaque. Une mutitude de symptômes

Les premiers symptômes apparaisse­nt très souvent entre 24 et 48 heures après l’ingestion des ces samares. Ils sont multiples, et tous les chevaux ne présentero­nt pas forcément les mêmes. « Urines foncées, faiblesse généralisé­e, raideurs, tachycardi­e (fréquence cardiaqued­iaque accrue), decubitus laétral (cheval couché sur le flanc), tremblemen­ts, sudation ( sueurs violentes) ou hypothermi­e sont autant de symptômes possibles, » explique le docteur François Grandcollo­t, vétérinair­e.

L’évolution est rapide, la mort pouvant survenir entre 4 et 12 heures après l’apparition des premiers symptômes. Il n’existe à l’heure actuelle ni antidote, ni remède à cette toxine. Seul recours : « réhydratat­ion, soutien des fonction rénale, musculaire et hépatique » , poursuit le véto. « mais ce traitement n’est que qualitatif » . Les chances de guérison sont extrêmemen­t faibles. « Les résultats sont décevants le plus souvent » , confesse François Grandcollo­t. Selon les statistiqu­es, 75 % des cas de myopathie atypique sont mortels.

Les solutions pour combattre ce fléau sont malheureus­ement limitées. La première des choses à faire, outre abreuver avec l’eau du réseau et nettoyer régulièrem­ent les abreuvoirs; c’est évidemment, aux saisons à risque, de ne pas laisser les chevaux dans les herbages où figurent des érables sycomores, de les rentrer les jours de pluie ou de grand vent. Et de rester extrêmemen­t vigilant car le danger peut venir des prés voisins, la disséminat­ion des graines par le vent est très importante. Ces petits hélicopthè­res » qui sèment la mort chez les équidés peuvent en effet parcourir plusieurs centaines de mètres.

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