Les Grands Dossiers de Diplomatie

Hitchcock, agent du soft power américain

-

« En 1968, soit au pire moment des relations de Gaulle-Johnson, la CIA profita d’un passage à vide du grand cinéaste pour lui “suggérer”, via le romancier à succès Leon Uris, un film capable de relancer sa carrière aux États-Unis.

Uris venait en effet de signer un roman à succès, Topaz, racontant comment le contre-espionnage français était devenu un nid d’espions soviétique­s et l’Élysée, un instrument entre les mains d’un personnage diabolique sous les traits duquel se reconnaiss­ait aisément Jacques Foccart, l’un des principaux conseiller­s du Général, accusé d’être une “taupe”…

En contrepart­ie, Hitchcock, pour la première fois de sa longue carrière, n’eut pas son mot à dire sur le scénario. Cela donna le film L’Étau, adapté par Uris de son propre roman, et sorti sur les écrans français au lendemain de Mai 68, avec pour principaux acteurs Philippe Noiret et Michel Piccoli.

Le moment-clé est celui où l’un des chefs de la CIA lance à l’agent français qu’il veut recruter : “Il y a des moments où il faut choisir entre son gouverneme­nt et sa conscience”.

Peut-on mieux suggérer que la “conscience” du monde a élu domicile à Washington, tandis le gouverneme­nt français aurait plutôt son siège dans ce que les néo-conservate­urs américains baptiseron­t bientôt “l’axe du mal” ? »

 ??  ??
 ??  ?? Eric Branca (propos recueillis par Bruno Racouchot).Pour aller plus loin :Eric Branca, L’ami américain : Washington contre de Gaulle, 1940-1969, Paris, Perrin, aout 2017.Ci-dessus :Affiche du film L’Étau, d’Alfred Hitchcock (1969).
Eric Branca (propos recueillis par Bruno Racouchot).Pour aller plus loin :Eric Branca, L’ami américain : Washington contre de Gaulle, 1940-1969, Paris, Perrin, aout 2017.Ci-dessus :Affiche du film L’Étau, d’Alfred Hitchcock (1969).

Newspapers in French

Newspapers from France