L’aura d’Halo
Avec son premier album, HALO MAUD trouve sa place dans le paysage de la pop française. Son créneau : l’élégance et une certaine forme de spiritualité.
SONIC YOUTH, BLONDE REDHEAD, PJ HARVEY, RADIOHEAD, CAT POWER : pour qui réfléchit en termes de couleurs, il y a sans doute un lien à tisser entre tous ces noms. Ce n’est pas le cas de Halo Maud, jure-t-elle, mais c’est bien la liste qu’elle dresse en se remémorant les différentes passions musicales qu’elle a traversées dans sa vie. Pour ce résultat quelques années plus tard, à 32 ans : la publication d’un premier album dans des teintes sombres et nacrées, titré Je suis une île et qui se place un peu à côté des conventions actuelles de la pop française.
Hasard ou pas, c’est en Angleterre que Halo Maud a trouvé un label, tandis que ses chansons passent du français à l’anglais sans trop se poser de questions. “C’est plus facile de chanter en anglais, explique-t-elle, mais c’est plus profond pour moi d’écrire en français. Quand j’écris en anglais, j’ai l’impression d’être dans un jeu de piste qui consiste à imbriquer des mots les uns dans les autres.” Ainsi construit-elle des chansons rêveuses aux paroles qui se perdent parfois dans les mélodies, les échos, les effets, mais dont la force tranquille illumine une musicalité empreinte de spiritualité.
Quand elle raconte son parcours, Halo Maud évoque d’ailleurs son rapport à la musique religieuse. Elle a grandi en Auvergne avec un père pasteur, et en guise de crise d’adolescence, elle parle plutôt d’une “crise mystique” à l’époque où, justement, elle a commencé à écrire des chansons. Ses jeunes années resteront marquées par un rapport très fort à la religion, à laquelle elle a depuis tourné le dos mais dont l’influence continue de se faire sentir dans sa musique. “Aujourd’hui, j’ai un rapport très flou à la religion, dit-elle. Je ne renie ni ne regrette rien, ça m’a beaucoup apporté et j’ai rencontré des gens géniaux. Mais je suis dans l’incompréhension totale du décalage qu’il existe entre le message religieux de base et ce que les hommes en font. Ce qu’il me reste, c’est une sorte de présence, que j’ai parfois envie de remercier. Mais je ne sais pas si c’est Dieu ou autre chose.”
Ce genre d’interrogations abstraites est au coeur de Je suis une île, un titre assez parlant du point de vue de la recherche de soi et de sa place dans le monde. Car si Halo Maud est désormais un projet abouti, les choses n’ont pas toujours été aussi claires. Passée aux instruments de Moodoïd, Melody’s Echo Chamber, Lescop ou encore Marietta, elle a également écrit pour Les Vestiges du chaos de Christophe et joué en première partie de Phoenix et Baxter Dury avant de réussir à rassembler les idées de ce premier album. Un album avec des tubes en sourdine comme Wherever ou Baptism, dont l’éclat ne déborde jamais des règles d’élégance et de mélancolie qui semblent dicter l’ensemble. A noter que Halo Maud est déjà au travail sur son deuxième album. Je suis une île, mais c’est parce qu’on n’a pas encore vu l’archipel. Album Je suis une île (Heavenly/Pias) Concerts En tournée jusqu’au 11 novembre