Les Inrockuptibles

Maes

Une envolée de freestyles et deux mixtapes : à 23 ans, ce rappeur de Sevran ne perd pas son temps et jongle avec maestria entre hardcore et mélancolie.

- David Doucet

IL VA FALLOIR SE FAIRE À L’IDÉE QUE SEVRAN EST LA NOUVELLE PLACE FORTE DU RAP HEXAGONAL. Après des décennies dans l’ombre (si l’on excepte l’éphémère percée de Yazou), une génération de kickeurs a éclos entre les barres d’immeubles de Rougemont et des Beaudottes. C’est le cas de Kaaris bien sûr, mais aussi de Kalash Criminel, de 13 Block et plus récemment encore de Maes. A tout juste 23 ans, signé chez Millenium/Capitol, le Sevranais est la nouvelle sensation rap sur toutes les lèvres. Biberonné aux sons de Salif, Booba ou Sniper, Maes fait du rap depuis qu’il a 14 ans, en groupe (MSR) puis en solo. Rattrapé par les vices de la rue pour une histoire de stup’, il a passé dix-huit mois à la prison de Villepinte durant lesquels il en a profité pour écrire, lire et réfléchir. “Ce fut un électrocho­c, confie-t-il. Je me suis dit qu’il fallait arrêter les bêtises et se consacrer à la musique.” Depuis, il n’a pas perdu de temps avec une cascades de freestyles et deux mixtapes. Sortie en indé, Réelle vie 2.0 a dépassé tranquille­ment la barre des 20 000 ventes (physiques et streaming) et s’est imposé comme l’un des projets rap qui ont marqué ce début d’année. Adoubé par Hooss puis Booba, le rookie martèle son envie d’être différent sur Switch up (plus de 2 millions d’écoutes).

Alliant les codes du rap classique à une large palette de flow (du hardcore à la mélancolie grâce à une très bonne maîtrise de l’Auto-Tune), les sons de Maes permettent de s’ambiancer aussi bien au quartier qu’en club. “Je pense que cette polyvalenc­e est un héritage familial, sourit Maes. A la maison, mon père chante à la guitare, ma mère aussi. Et lorsque j’écoute mon petit frère chanter mes sons, je n’entends aucune fausse note.” Dans le clip de Billets verts tourné sur une île des Cyclades, Maes se livre au milieu d’une piscine et d’une rangée de bâtisses blanches. Face à la mer Egée, Maes ressasse ses erreurs passées et prend date. Le titre qui a dépassé les 1,5 million de vues en dix jours devrait faire partie de son premier album attendu pour l’automne : “Le meilleur est à venir. Pour l’instant, j’ai juste lâché une carte de visite. Maintenant, je vais leur donner à manger”, conclut le rappeur en se marrant.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France