« Le Mal du pays » par Bellangé

Cette gravure du peintre Hippolyte Bellangé, intitulée Le Mal du pays, est une scène d’agonie, dont la poitrine squelettique du phtisique laisse deviner l’aboutissement. Les malles de voyage ainsi que les casquettes d’afrique que portent les hommes nous permettent de situer cette scène en Algérie en 1832 au début de la conquête française. Pour le patient, dont le visage exprime le désarroi, ce déplacement est vécu comme un exil, ainsi qu’en témoigne la lettre qu’il tient dans la main, et qui pointe, impitoyablement, vers un foyer lointain, symbolisé par un chien, compagnon fidèle de l’homme. Un épagneul breton qui plus est, ce qui porte à croire que Bellangé connaissait la prétendue prédisposition des Bretons, ainsi que d’autres populations rurales et montagnardes (tels les Suisses), à souffrir de nostalgie dès qu’ils s’éloignent de chez eux. Balzac parlait de « nostalgie bretonne », de même que le faisaient volontiers les préfets pour se justifier de ne pas atteindre leurs quotas de conscrits…