Fredén sans gants
Théâtre • Découverte d’une auteure suédoise.
Sofia Fredén a été découverte ici via la Mousson d’été, festival qu’anime Michel Didym. Elle a notamment écrit des pièces radiophoniques. Main dans la main (1) narre les aventures de cinq jeunes gens à Stockholm. Cela va vite : répliques et situations. Ainsi cette scène d’hôtel entre Petter et Nadja, qui viennent de se rencontrer, au lit : Petter : «Dis, tu y crois toi ?» Nadja. A quoi ? Petter : «A ce qui nous arrive.» Nadja : «Je vais juste aux toilettes.» Petter : «J’y crois.» Il a tort : Nadja, au lieu des toilettes, a gagné la rue vêtue d’un drap, pour ne plus le revoir. Raté : elle le revoit chez Nina, dont le logement agit comme
Main dans la main, de SOFIA FREDÉN, ms d’Edouard Signolet, théâtre Ouvert, 4 bis cité Véron, 75018. Mar. 19 h, mer-sam 20 h, sam 16 h. Jusqu’au 9 février. Rens. : 01 42 55 55 50.
un aimant sur ceux qui n’ont ni logis ni boulot. La survie est impitoyable. Deal, vol, mutilation, meurtre : un cauchemar si le réalisme n’était un faux-semblant. Main dans la main, proche du grand guignol, n’est jamais si drôle que sordide. Au finale, Nina, un couteau dans le ventre, crachant le sang, a droit à ce mot de Nadja : «Elle veut peutêtre un verre d’eau…» Ce qui n’empêche pas Fredén de prendre au sérieux ses personnages et thèmes – rapports hommesfemmes et père-fils, chômage, malaise moderne. Edouard Signolet en rajoute dans la stylisation, en faisant interpréter toutes les didascalies par deux personnages féminins décrivant l’action, en choeur ironique. Son spectacle ne manque ni de rythme, ni de punch.
(1) Publié aux Solitaires intempestifs. Edouard Signolet propose ce soir une lecture du Vélo, de Fredén, au centre culturel suédois à Paris.