Helen MACDONALD
Prix du meilleur livre étranger en 2016, ce récit magistral est plus qu’une simple histoire de deuil.
Helen a perdu son père de façon brutale. L’homme, photojournaliste, est tombé sur l’asphalte londonien pour ne plus jamais se relever – emporté par une crise cardiaque. Ce « plus jamais » plonge la narratrice, brillante universitaire et enseignante à Cambridge, dans une grave dépression. Quatre mois à peine après ce terrible chagrin, Helen, qui est aussi fauconnier, décide de dresser un autour qu’elle nommera Mabel (d’amabilis : aimable). Commence alors un lent processus de guérison associé au rapace, mais aussi à la nature sauvage et à la lecture d’un ouvrage – L’Autour de T. H. White. Comme une longue traversée, où Mabel fait symboliquement lien, sorte de « messager entre ce monde-ci et l’au-delà », Helen passera par différents sentiments. D’abord la douleur et sa cuirasse de silence, puis la colère – avec, en filigrane, l’espoir secret d’un retour du père mort, et, enfin, l’amour apaisé. Au travers d’une écriture cathartique, l’auteure révèle un sens du détail et de l’esthétique tout en finesse. Elle transcende son deuil par ses mots qui font écho à un cri élégiaque, celui de l’humanité même et de son Histoire. « Respecter les vivants. Honorer les morts », loin d’être un éloge funèbre, M pour Mabel est une bouleversante ode à la vie. Céline Roman