Lewis TRONDHEIM *
Le prolifique bédéiste nous fait découvrir une perle de la bande dessinée québécoise : Nicolas de Pascal Girard
Pascal Girard est un auteur québécois qui doit avoir environ 35 ans aujourd’hui. Son album, Nicolas (Mécanique générale), est un petit format de trente pages, écrit il y a une dizaine d’années, qui raconte la perte de son petit frère mort de l’acidose lactique en 1990, alors que lui- même était à peine âgé de 8 ans. Contrairement à certains auteurs qui écrivent sans être plus investis que cela, Pascal Girard avait, lui, un réel besoin de produire quelque chose sur cette période de sa vie. Dans son album, il raconte ses souvenirs avec son frère, les jeux qu’ils partageaient et d’autres anecdotes. C’est extrêmement touchant, au point que la première fois que je l’ai lu, je n’ai pas pu le terminer tellement je pleurais. Parler de la mort d’un proche est un exercice difficile. Et ce n’est pas parce qu’on met ses tripes sur la table qu’on est bon. Pascal Girard le fait par petites touches, très subtilement. Il ne montre jamais le personnage principal en train, par exemple, de pleurer. Ce qui n’empêche pas le lecteur d’être complètement emporté par ce récit. Même les moyens graphiques qu’il utilise sont très simples, un peu à la Sempé. Ce n’est pas un travail de longue haleine, mais véritablement ce que l’on appelle du « dessin-écriture ».
L’année dernière, Pascal Girard a réédité son ouvrage en y ajoutant une trentaine de pages dans lesquelles il raconte non plus sa relation avec son frère décédé mais avec celui, bien vivant, qui est né quelques années plus tard. À cause du deuil et de la grande différence d’âge, il s’est très peu occupé de son petit frère et ce, jusqu’à l’âge adulte. Là encore, tout est décrit avec beaucoup de tact et de finesse. Je suis allé près de quinze fois au Québec, c’est là que j’y ai croisé cet auteur vraiment très sympathique. On parle assez peu de ce pays s’agissant de la BD et, pourtant, il y a beaucoup de talents à découvrir là-bas. »