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Les Suprêmes chantent le blues

Edward Kelsey MOORE

- EDWARD KESLEY MOORE

Les déjeuners gourmands chez Big Earl, les coups de coeur et les coups de sang, la maladie, les fous rires : la vie continue pour Odette, Barbara Jean et Clarice, les trois amies désormais sexagénair­es, découverte­s en France en 2014 avec Les Suprêmes. Clarice a quitté Richmond, son époux volage, et repris sa carrière de pianiste ; la jolie Barbara Jean poursuit ses activités de mécène ; et Odette, au caractère bien trempé, communique toujours avec les fantômes. Elles se connaissen­t depuis le lycée où elles ont hérité du surnom « Les Suprêmes », en hommage aux interprète­s de Baby Love. Ce second volet s’ouvre dans une église où l’on célèbre le mariage de la mère de Clarice avec le tenancier du pire bouge de Plainview, bourgade de l’Indiana où se déroule l’intrigue. « Le blues, c’est ce que devient une chanson d’amour une fois que le chanteur s’en est pris plein la gueule », remarque Odette en écoutant la « marche nuptiale la plus triste de tous les temps ». El Walker, l’homme barbu qui chante ce Happy Heartache Blues, est en fait un revenant en quête de rédemption qu’Odette prend sous son aile. De son côté, Clarice se prépare à donner un concert à Chicago et évacue le stress en couchant avec Richmond, son ex-mari, avec lequel elle est restée en bons termes. Enfin, Barbara Jean file le parfait amour avec Ray et continue son bénévolat à l’hôpital. Foisonnant, riche en intrigues parallèles, ce roman est traversé par une question : suffit-il de fuir sa ville natale pour devenir libre ? Véritable « page- turner » , Les Suprêmes chantent le blues réussit la même combinaiso­n que le premier volet : offrir une intrigue divertissa­nte tout en décrivant, l’air de rien, une réalité peu traitée par la littératur­e, l’expérience de femmes noires de la classe moyenne dans une petite ville du Midwest, autrefois frappée par la ségrégatio­n raciale et toujours profondéme­nt marquée par la religion.

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C’était une chanson d’amour. Enfin, cela commençait ainsi. Les paroles évoquaient un homme amoureux d’une femme qui était sa raison de vivre. Mais comme c’était un blues, cette femme n’arrêtait pas de lui briser le coeur et lorsqu’il passait l’éponge, elle le remerciait en l’enseveliss­ant sous une montagne de souffrance­s. La mélodie magnifique s’envolait dans les aigus et plongeait dans les graves, chaque couplet célébrant bonheur euphorique et douleur déchirante. Ici, dans une église, ce morceau aurait pu surprendre. Mais la mélancolie charmante de la mélodie naviguait de la nef aux fonts baptismaux, du sol en marbre au plafond voûté avant de se fondre dans l’espace, comme si ce cri de désespoir avait toujours fait partie des murs.

Tandis que la chanson se poursuivai­t, de plus en plus triste à chaque couplet, je songeai à mes parents, Dora et Wilbur Jackson. Le blues était leur musique préférée. Presque tous les week-ends de mon enfance, ils avaient passé leur soirée dans notre salon à écouter sur la chaîne hi-fi le son râpeux de leurs vieux disques. Certains étaient sans doute aussi empreints de nostalgie que la plainte lugubre qui retentissa­it dans cette église ; pourtant je ne me rappelais pas avoir entendu quoi que ce fût d’aussi déchirant que ce blues.

Maman préférait les chansons plus gaies et graveleuse­s – avec paroles coquines truffées de blagues crues sur les saucisses, les beignets à la confiture, et les Cadillac roses. Les ballades sombres comme celle-ci plaisaient plus à papa. Pour lui, le summum du bonheur, c’était de se serrer contre maman dans le canapé et de fredonner tout en écoutant une ode aux affres de l’amour. Il hochait la tête en rythme, comme pour soutenir un chanteur abattu, assis avec eux, croassant son malheur.

Parfois, avant que j’aille au lit, mes parents m’autorisaie­nt à me glisser entre eux deux. Ils sont morts depuis longtemps maintenant, mais je me souviens encore à quel point ils chantaient faux. Et, parce que j’ai hérité de leur manque d’oreille, ils me reviennent en mémoire chaque fois que j’entreprend­s de chanter une malheureus­e mélodie. Quand j’écoute un blues mélancoliq­ue, je sens à nouveau le bout des doigts de mon père, rugueux, durcis à force d’avoir travaillé le bois pendant des années, glisser sur mon avant-bras, jouant un riff déchirant sur des cordes imaginaire­s.

Mes parents m’envoyaient me coucher lorsque maman en avait assez des peines de coeur et demandait à écouter des chansons sur les balancemen­ts, les déhancheme­nts et autres va-et-vient – sujets bien trop adultes pour mes jeunes oreilles.

Même si le morceau qui retentissa­it dans le sanctuaire aurait été un peu trop sombre pour maman, elle aurait aimé les envolées plaintives du chanteur et les sinuosités de la mélodie. Et elle ne se serait pas privée de faire une remarque. Si elle s’était trouvée près de moi dans l’église, elle aurait déclaré : « Odette, ton papa aurait adoré cette chanson. Elle donne envie de mourir à chaque mot. Il faut que j’écrive ça dans mon livre. »

Le « livre » de ma mère était en fait un calendrier de chez Stewart, l’entreprise de pompes funèbres, qu’elle conservait dans son sac à main. La couverture du calendrier figurait un poulain gris pommelé et un petit garçon en salopette bleue. Bondissant dans une prairie, ils incarnaien­t le bonheur absolu. Au-dessus la légende indiquait : « Sauter de joie », et en dessous : « Avec les meilleurs voeux des pompes funèbres Stewart. » Chaque fois que maman vivait quelque chose lui semblant assez remarquabl­e pour être souligné, elle le notait à la date du jour en question afin de s’en rappeler à jamais.

Le livre de maman fit sa première apparition un dimanche après-midi, environ dix ans avant sa mort. Nous sortions de notre église baptiste, la Holy Family, et le révérend se tenait sur le perron afin de saluer ses ouailles. Maman s’approcha de lui à grands pas et déclara : « Révérend, vous êtes le meilleur pasteur que j’aie jamais entendu. J’ai pensé à votre sermon de Pâques tout le printemps. C’était vraiment une merveille ; franchemen­t, ça m’a ouvert les yeux. Je veux que vous sachiez que l’âme qui se trouve ici devant vous est sauvée à cent pour cent. »

Le révérend Brown, qui dépassait maman d’une tête, se pencha pour lui prendre la main. « C’est très aimable à vous, Dora, dit-il. Je fais ce que je peux pour le Royaume de Dieu, c’est tout.

— Je suis sincère, répliqua maman. Vous avez gagné cette bataille au nom de Dieu. Et je tenais à vous remercier puisque je ne vais pas revenir. »

Le révérend Brown garda la main de maman dans la sienne et attendit la chute de ce qu’il croyait être une des blagues singulière­s dont elle avait l’habitude, comme chacun le savait. Mais maman ne plaisantai­t pas. Elle s’expliqua : « Vous vous souvenez, vous nous aviez dit que si nous voulions nous rapprocher de Dieu, il fallait regarder le monde autour de nous et écrire un petit merci pour tout ce que le Seigneur nous donnait ? Eh bien, je vous ai pris au mot. C’est ce que je fais depuis. »

Maman ouvrit alors son sac à main et en sortit un calendrier mural roulé sur lui- même. Elle en tourna trois pages pour arriver à Pâques et montra au pasteur ce qu’elle avait écrit : « Meilleur sermon de tous les temps », dans le petit carré prévu pour ce jour-là. Puis, elle lui indiqua les quelques notes griffonnée­s depuis au quotidien sur le calendrier.

« Révérend, vous vous êtes vraiment décarcassé pour le sermon de ce matin. Mais comme vous l’avez dit, ce n’était rien comparé à ce que je ressens quand

je suis seule à remercier Dieu directemen­t. Donc, je vais suivre votre conseil et je me passerai d’intermédia­ire. » Elle secoua son calendrier dans le vide. « À partir de maintenant, j’irai directemen­t à la source. »

Elle sortit un stylo de son sac et inscrivit à la date du jour les mots suivants : « Deuxième meilleur sermon de tous les temps. » Puis, elle tapota la joue du révérend Brown et s’éloigna pour toujours de l’église baptiste de la Holy Family.

Les pompes funèbres Stewart sortaient un nouveau calendrier chaque année. Dans la mesure où M. Stewart était d’une radinerie notoire, il réutilisai­t la même couverture. Ainsi, tous les mois de janvier, maman se retrouvait avec un nouveau livre intitulé Sauter de joie.

Son habitude de sortir soudain ce calendrier, de griffonner dessus, et de faire part de ses observatio­ns à qui voulait les entendre n’était qu’un des nombreux comporteme­nts bizarres que maman adorait adopter en public. Les regards et murmures supplément­aires que suscitait cette ultime excentrici­té me mettaient mal à l’aise, mais maman était imperméabl­e à la honte. Elle déclarait : « Ils peuvent bien rire de moi autant qu’ils veulent. Quand le blues viendra me titiller, je lui flanquerai mon petit livre sous le nez et je lui dirai d’aller voir ailleurs, parce que, moi, je sais sauter de joie. »

Elle écrivit dans son livre jusqu’à son dernier matin sur cette terre.

Tandis que le troisième couplet bouleversa­nt des lamentatio­ns de cet étonnant chanteur de blues s’élevait dans l’église, j’imaginai maman en train de noter, assise près de moi sur le banc : « Blues le plus mélancoliq­ue de la création. » Je me penchai vers mon mari, James, pour lui confier ce que je pensais de la musique qui habitait la Calvary Baptist : « C’est la chanson la plus triste que j’aie jamais entendue. — Ton père l’aurait adorée », répliqua James. Le chanteur, voûté sur sa guitare dans un coin sombre, qui alternait douceur et fureur pour aimer et pardonner à sa belle cruelle, me semblait avoir dans les soixante-dix ans. Il était grand et mince, et une barbe blanche lui mangeait le visage du nez au cou. James avait raison. Papa aurait aimé sa façon de glisser d’une note à l’autre, tirant sur les cordes de son instrument avec une telle désolation. On comprenait instantané­ment que l’amour l’avait fait souffrir et qu’il était loin d’en avoir fini.

« Le blues, c’est ce que devient une chanson d’amour une fois que le chanteur s’en est pris plein la gueule », avait un jour affirmé papa. Quelle raclée la vie avait-elle flanquée à ce barbu qui, les yeux rivés au sol, emplissait l’espace d’une tristesse aussi belle ? Comment avait-il fini ici, penché sur sa guitare, à livrer sa plainte déchirante aux oreilles de tous ? Chaque phrase de cette chanson rappelait la définition du blues selon papa. De toute évidence, cet homme ne pouvait pas être indemne.

Empreinte d’amour, de chagrin, de passion et d’amertume, sa chanson semblait d’autant plus désespérée étant donné les circonstan­ces. Elle accompagna­it une future mariée rayonnante s’acheminant dans l’allée centrale de l’église afin de rejoindre son promis. Cette dernière avançait vers l’autel avec une grâce et une aisance impression­nantes, compte tenu du caractère de la musique et du fait qu’elle venait tout juste de célébrer son quatre-vingt-deuxième anniversai­re.

La mariée, Beatrice Jordan, était la mère de ma meilleure amie, Clarice. Miss Beatrice était un membre éminent de la Calvary Baptist, l’église la plus absurde de Plainview dans l’Indiana. Elle était très croyante et se vantait d’être plus chrétienne que quiconque.

J’aimais Miss Beatrice, mais elle était dévote d’une façon si extravagan­te et si barbante – à toujours chercher à s’assurer que les autres étaient aussi fervents qu’elle –, qu’en sa compagnie, ma volonté de respecter les dix commandeme­nts volait en éclats. Au fil des ans, elle m’avait poussée trop de fois à blasphémer. Miss Beatrice avait incité tous ceux que je connaissai­s à songer au moins une fois au meurtre.

Le marié s’appelait M. Forrest Payne, le propriétai­re du Pink Slipper, le club pour gentlemen, seule entreprise en activité à Plainview ayant été jugée scandaleus­e. Le club avait défrayé la chronique pour paris illégaux, prostituti­on et violation des lois sur l’alcool. À une époque, les réputation­s étaient anéanties et les mariages détruits si un homme, jusque-là jugé respectabl­e, était aperçu aux abords du Pink Slipper.

La mauvaise image de l’établissem­ent découragea­it bon nombre de clients potentiels mais en attirait irrésistib­lement tout autant. Ma tante Marjorie jurait que le Pink Slipper était la seule taverne en ville où l’on pouvait entendre un blues digne de ce nom, et le whisky de maïs était aussi puissant que la mixture assassine qu’elle se concoctait elle-même. Jusqu’à sa mort, elle avait été une cliente régulière du club.

Et lorsque je dis « jusqu’à sa mort », c’est précisémen­t cela. Tante Marjorie avait succombé à une attaque cardiaque au cours d’une bagarre au club, en désarmant un homme qui la menaçait d’un couteau. À son enterremen­t, Forrest Payne avait consolé maman en lui jurant que sa soeur était morte le sourire aux lèvres, tenant fermement à la main le couteau de son adversaire.

Les rixes, la prostituti­on, et le jeu faisaient désormais partie du passé ; c’était du moins ce qui se disait en ville. À présent, le club était plus considéré comme une salle de concert respectée qu’un bouge de bas étage. Forrest avait été réhabilité, et ses affaires assainies en même temps que lui. S’il n’était plus au

ban de la société et avait pu s’élever au rang de vieux sage philanthro­pe, c’était précisémen­t grâce à celle qui s’acheminait vers lui avec sérénité, serrant son bouquet de roses pêche et de chrysanthè­mes argentés.

Ce mariage d’amour avait surpris tout le monde. Depuis le temps, chacun savait que Miss Beatrice était la vieille folle qui se postait régulièrem­ent sur un promontoir­e aux abords du parking du Pink Slipper et menaçait de damnation éternelle les clients arrivant ou quittant l’établissem­ent en hurlant dans un porte- voix. Elle avait accusé Forrest d’inciter son premier mari, le père de mon amie Clarice, à la tromper. Ainsi, éviter aux autres hommes de suivre le même chemin de débauche était devenu sa mission dans la vie. Même si elle se montrait désormais plus indulgente envers Forrest Payne, elle faisait encore parfois une apparition sur le parking du club pour s’adresser aux clients, les soirs de strip- tease. C’était précisémen­t pour cela qu’elle avait quitté la soirée que Clarice avait organisée en son honneur la veille du mariage. Mais puisque l’amour avait adouci son coeur, au lieu de crier : « Gare aux feux de l’enfer, pécheur ! » aux clients en partance comme elle le faisait autrefois, Miss Beatrice vociférait à présent : « Que Dieu vous bénisse, fornicateu­r ! Soyez prudent au volant ! »

À plusieurs reprises durant la cérémonie, je jetai des coups d’oeil par-dessus mon épaule à la recherche de maman. L’idée que je puisse la voir n’était pas un voeu pieux de ma part. Non seulement j’avais une grande bouche, une silhouette rondelette, et une tendance à parler beaucoup trop comme ma mère, mais j’avais aussi hérité de sa faculté de voir les morts. Parmi les défunts, maman fut la première à chercher à me revoir. Elle me surprit en pleine nuit plusieurs années après sa mort, et elle me rend régulièrem­ent visite depuis. Morte, maman pouvait se montrer aussi difficile à gérer que vivante. Toutefois, elle demeurait plus facile à supporter que bon nombre de spectres auxquels j’avais eu affaire.

Les événements défiant toute logique attiraient ma mère tels des aimants. Il me semblait donc étonnant qu’elle puisse manquer le mariage de Beatrice Jordan et Forrest Payne. Cependant, maman restait invisible. Si bien que j’examinais soigneusem­ent ce qui m’entourait et prenais note des détails. Pour étonner un fantôme, il faut se lever de bonne heure, mais la prochaine fois qu’elle passerait me voir, j’avais bien l’intention de l’épater en lui décrivant par le menu les festivités du jour.

Tirée à quatre épingles comme d’habitude, mon amie Barbara Jean Carlson était assise à ma gauche sur le banc, ajustant son collier de perles et lissant des plis inexistant­s sur sa jupe. Dans les années 1960, nos copains à l’école nous avaient surnommées, Barbara Jean, Clarice, et moi, « les Suprêmes », en hommage au groupe. La célébrité, l’aigreur et la mort avaient séparé les vraies Suprêmes. Mais de notre côté, plus de quarante ans après la naissance du trio de Plainview, nous étions toujours unies.

Barbara Jean était blottie contre son mari, Ray. Mais elle et moi surveillio­ns du coin de l’oeil Clarice qui, à la droite du pasteur, attendait que sa mère finisse de traverser l’église. Ce jour-là, notre mission était de rappeler à Clarice de sourire ; elle était en effet encore sous le choc après le brusque revirement d’attitude de sa mère envers Forrest Payne. Ainsi, chaque fois que Clarice regardait dans notre direction, nous arborions un large rictus en désignant du doigt notre visage comme si nous présention­s des réfrigérat­eurs flambant neufs aux participan­ts d’un jeu télévisé.

Pauvre Clarice. Dès qu’elle oubliait de sourire, elle reprenait aussitôt l’air sidéré qui s’était pour la première fois dessiné sur son visage lorsqu’elle avait appris quelques mois plus tôt que sa mère dévote filait le parfait amour avec le propriétai­re du Pink Slipper.

Miss Beatrice avait raconté à sa fille que son histoire d’amour avec Forrest Payne avait débuté le soir où elle s’était retrouvée coincée dans le club à cause d’une tempête de neige s’étant soudaineme­nt levée alors qu’elle haranguait les clients dehors avec son porte-voix. Parce que Forrest avait insisté, elle avait attendu dans son bureau que les éléments s’apaisent, et ils avaient bavardé durant des heures en buvant du thé. Après quoi, ils étaient devenus inséparabl­es.

Clarice m’avait présenté la chose ainsi : « Ma mère prétend que sauver l’âme de M. Payne revient à escalader l’Everest. Elle ne peut pas résister à l’envie de relever le défi. » Miss Beatrice avait également précisé à Clarice que Forrest Payne lui avait servi du Earl Grey en vrac dans un service à thé en porcelaine fine. Certes, elle s’était rendue au Pink Slipper pour accomplir l’oeuvre de Dieu comme elle l’entendait, mais le service à thé l’avait ralliée à la cause adverse. Clarice avait conclu : « Je te le dis, Odette, la porcelaine fait autant d’effet que l’opium sur cette femme. Dès l’instant où la tasse Wedgwood a effleuré ses lèvres, maman était fichue. »

Était-ce la Bible ou la porcelaine qui avait poussé Beatrice Jordan et Forrest Payne dans les bras l’un de l’autre ? Nous ne le saurons peut-être jamais, mais tandis que la future mariée cheminait vers son bienaimé, ce dernier affichait l’air radieux d’un gamin un matin de Noël. Et Miss Beatrice semblait folle de joie d’épouser l’homme qu’elle avait, des décennies durant, accusé d’être un suppôt de Satan.

 ?? Les Suprêmes chantent le blues (The Supremes Sing the Happy Heartache Blues) par Edward Kelsey Moore, traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson, 304 p., 22,50 E. Copyright Actes Sud. En librairie le 6 juin. ??
Les Suprêmes chantent le blues (The Supremes Sing the Happy Heartache Blues) par Edward Kelsey Moore, traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson, 304 p., 22,50 E. Copyright Actes Sud. En librairie le 6 juin.
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