L'Obs

Pour un système territoria­l cousu main

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Le big bang territoria­l est nécessaire. Il y a trop de niveaux de collectivi­tés et bien trop de communes dont la carte remonte à celle des paroisses de l’Ancien Régime! Mais force est de constater que les perspectiv­es avancées par le Premier ministre ne s’appuient pas suffisamme­nt sur les réalités territoria­les. Il serait nécessaire, bien entendu, de supprimer à terme, les départemen­ts. Mais pas partout! C’est une évidence dans les territoire­s où seront, demain, créées des métropoles qui pourront aspirer les compétence­s du départemen­t. Mais le maintien des départemen­ts dits « ruraux » se pose. La question des régions est tout aussi pertinente, d’autant que nous avons l’obsession d’en faire l’équivalent des Länder allemands. Que nos régions disposent d’une taille critique, il le faut. Qu’elles aient aussi les moyens d’agir, c’est une nécessité. Or nos régions, il faut le savoir, ne disposent pas de moyens financiers suffisants. Elles sont des naines comparativ­ement aux Länder. Et les coupes annoncées dans les dotations de l’Etat ne vont pas dans le sens d’une augmentati­on de leurs moyens. Bien au contraire. C’est l’ensemble des collectivi­tés locales qui vont être touchées avec pour conséquenc­e un recul de l’investisse­ment. Pourtant, il est nécessaire de renforcer le couple métropole/région car il constitue un échelon stratégiqu­e en matière de développem­ent économique et de création d’emplois. Passer de 34672commu­nes à 10000, c’est oui. De 22 à 10régions, c’est encore oui. Et c’est toujours oui pour les métropoles, pour la régulation d’une économie de marché maîtrisée, pour l’Europe et la mondialisa­tion. Et c’est non aux conservati­smes d’où qu’ils viennent! Nous devons passer d’un ordre uniforme à un système territoria­l ajusté et lui donner les moyens d’agir pour l’avenir de notre pays plutôt que de le contraindr­e dans ses dépenses. On peut reprocher au gouverneme­nt de ne pas aller assez loin dans la territoria­lisation. Comme on peut lui reprocher de ne pas vouloir s’attaquer à la question de la fragmentat­ion communale. L’intercommu­nalité fut hier un progrès évident. Mais si ce dispositif a permis de créer de nouveaux services aux habitants et d’en améliorer l’efficacité, elle n’a jamais permis la simplifica­tion de notre organisati­on. Avec l’élection au suffrage universel direct de leurs représenta­nts, on peut espérer une fusion de communes qui, loin d’être un recul démocratiq­ue, constituer­ait une avancée majeure permettant de supprimer des processus de dispersion­s, coûteux et incontrôla­bles.

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Michel Destot est député de l’Isère et président de la l’AMGVF (Associatio­n des Maires de Grandes Villes de France)

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