L'Obs

En somme, la focalisati­on sur la lutte contre le terrorisme est en train de modifier en profondeur notre conception de la justice. A quand remonte cette évolution ?

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A l’échelon français, l’extension quasi illimitée de la notion de terrorisme est portée par le courant dit de la « nouvelle criminolog­ie ». Celui-ci se présente comme une science, ce qu’il n’est nullement, et ne cesse de proposer des mesures d’extension de la suspicion. Ses acteurs les plus connus sont Alain Bauer, un proche de Manuel Valls, ou encore Xavier Raufer. A les en croire, les organisati­ons terroriste­s internatio­nales, les groupes mafieux, les petits délinquant­s, les militants de l’ultragauch­e, les hooligans et les jeunes immigrés en révolte relèvent d’une sorte de « continuum d’insécurité » qu’il faut combattre en un seul bloc. Des formules comme « guérillas dégénérées » ou « zones grises incontrôla­bles » renvoient à l’idée d’un danger susceptibl­e de survenir en tout point du territoire. Le recours aux métaphores médicales vise à faire croire que l’on pourrait éradiquer le crime comme on éradique une maladie, pour peu que l’on y mette les moyens – des moyens d’exception, encore une fois ! Mais la montée en puissance de ce courant de pensée

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