Chez Orwell
L’INCENDIE DE LA MAISON DE GEORGE ORWELL, PAR ANDREW ERVIN, TRADUIT PAR MARC WEITZMANN, JOËLLE LOSFELD, 245 P., 22 EUROS.
Pour Ray, un commercial de Chicago qui a décidé de prendre quelques années sabbatiques, c’est presque un voyage initiatique : il a loué à Jura, une île perdue au large de l’Ecosse, la maison ( photo) où George Orwell a écrit le livre que Ray vénère comme une bible : « 1984 ». En rupture avec sa vie d’avant, Ray aspire à vivre seul, loin des tumultueuses mégapoles et des tourments de l’hypercommunication. Il va être servi : après trente-six heures de voyage, il échoue, sous une pluie insistante, dans un village peuplé de péquenauds qui boivent du whisky comme du petitlait. Mais son rêve devient réalité : le voici à Barnhill, dans la maison où Orwell, entre 1946 et 1949, luttant contre la tuberculose et les vents dominants, réussit à venir à bout de son livre le plus célèbre. Seul hic : un loup-garou rôde aux alentours, qui dépose tous les jours un animal dépecé sur le perron de la maison. Pis encore, une intrépide adolescente, Molly, décide de s’installer à Barnhill, s’attirant les foudres de son père qui voit déjà, en Ray, l’homme à abattre. Avec un sens de l’humour hors du commun, le jeune romancier américain Andrew Ervin, dont c’est le premier roman, fait chauffer l’éthylotest, et ça fait du bien par où ça passe.