Ciel, une nouvelle planète !
Un neuvième astre vient d’être identifié par déduction mathématique dans notre Système solaire. Son existence devra être confirmée par observation... Retour sur cinq mille ans de découvertes
A peine Homo sapiens avait-il foulé le sol de notre planète bleue qu’il levait les yeux vers les cieux, fasciné par les étoiles et
l’absolu mystère de ces lumières lointaines. Dès la préhistoire, il en a retracé les constellations en alignements
de pierres monumentales, ou bien à même la roche, dans la grotte de Lascaux. Accrochant son oeil, les plus visibles et les plus éclatants des objets célestes : cinq planètes de notre Système solaire et leur trajectoire évoluant nuit après nuit, et notre satellite la Lune. Voici cinq mille
ans, les Mayas calculaient déjà ses éclipses, Mercure était scrutée deux mille ans avant Jésus-Christ en Occident mais aussi en Chine ou en Inde, tout comme Vénus, Mars la rouge, Jupiter et Saturne. Les savants d’alors mêlaient étoiles et planètes, qu’ils croyaient « posées » au-dessus de nos têtes, surplombant une Terre plane. L’espace en trois dimensions apparaît environ six cents ans avant J.-C. dans l’esprit visionnaire d’Anaximandre de Milet, grand philosophe et astronome grec. Le premier il imagine une terre environnée d’espace, d’astres. Deux siècles s’écoulent avant qu’Aristote ne la conçoive ronde, entourée d’étoiles et de planètes en rotation, posées sur des
sphères dont les mouvements produisaient une musique céleste. Moins poétique, au iie siècle, Ptolémée rédige
l’« Almageste », une table déjà remarquablement précise des astres et des planètes qui servira de référence jusqu’à Copernic. En 1512, ce chanoine et médecin polonais renverse l’Univers, met à bas toutes les représentations religieuses et mythologiques : il décrit le Soleil, notre étoile, comme pivot central des planètes, y compris la Terre. Le Système solaire était né. Un siècle plus tard, l’Italien Galilée
met au point la première lunette astronomique et poursuit sur la même
voie, au grand dam de l’Eglise et des scientifiques de l’époque. On lui doit les premières observations des anneaux de Saturne et des satellites de Jupiter. A la même époque, Kepler énonce les premières lois du mouvement des planètes, avec leurs orbites non circulaires
mais en ellipse. Mais c’est bien sûr au Britannique Newton que l’on doit la loi de
la gravitation universelle, en 1687, clé fondamentale de la physique pour
calculer les mouvements des corps célestes et l’attraction qu’ils exercent les uns sur les autres. Par hasard, le musicien William Herschel découvre Uranus en 1781, septième planète de notre système, grâce à un télescope construit par ses soins. Puis en 1846, le Français Urbain
Le Verrier par ses calculs déduit l’existence de Neptune, en raison de son influence sur Uranus, très vite confirmée par une observation de l’Allemand Galle. Pluton a été découverte en 1930 par Clyde Tombaugh dans la ceinture de Kuiper, un
grand anneau de débris glacés grands comme des astéroïdes. Située aux confins
de notre système, Pluton en sera considérée comme la neuvième planète
jusqu’à ce que Mike Brown, astrophysicien au Caltech en Californie, ne s’en mêle. En 1962, c’est le coup d’envoi des sondes explorant notre système, « Mariner 2 » survole Vénus, puis en 1979 « Voyager 1 » nous révèle les anneaux de Jupiter. Au fil des missions, ces engins ont permis de dénombrer des millions de
corps nouveaux, comètes, planètes naines, astéroïdes. Mais c’est bien de la Terre qu’en 2005 Michael Brown découvre Eris et Makémaké, deux planètes naines plus grosses que Pluton, faisant perdre du même coup à celle-ci son statut de planète. Un renversement que ce trublion vient de parachever en publiant une nouvelle étude démontrant mathématiquement l’existence dans cette même zone très éloignée d’une neuvième planète, vingt fois plus grosse que la Terre.
A suivre…