“DONALD TRUMP EST UN EXUTOIRE”
Vous intéressez-vous à la politique américaine et aux primaires ? Comment faire autrement ? Il est très di cile de ne pas s’y intéresser cette année. Donald Trump va-t-il, selon vous, sauver l’humanité ou, du moins, l’Amérique ? Je crois qu’il faut être très bête et très naïf pour ne pas comprendre comment il est arrivé là où il est maintenant. Il y a aux Etats-Unis ce sentiment de colère très profond auquel il sert d’exutoire. Il est en train de faire deux choses assez extraordinaires : d’une part, il est en train de réduire à néant le Parti républicain, ce qui est une bonne chose. Avant de devenir un parti religieux, les républicains étaient plus que respectables. Je viens d’une famille qui votait traditionnellement républicain, et qui était conservatrice sur les questions économiques et progressiste sur les questions de société : ils ne voulaient pas payer d’impôts et ils se méfiaient du gouvernement mais ils étaient pour l’égalité des droits des gays et le féminisme. Et puis Trump a aussi fait trembler les grands médias de masse. Il les a terrorisés. Ils le regardaient avec beaucoup de condescendance et pensaient pouvoir lui imposer leurs règles pour le faire rentrer dans leur moule. C’est le contraire qui s’est produit, ce qui les plonge dans un état de panique absolu. Trump les contraint à davantage de transparence, en les obligeant à révéler clairement leurs préférences et leurs antagonismes. Par exemple, le « New York Times » a la prétention d’être neutre et objectif alors qu’il ne l’est, en réalité, absolument pas. Il a ses a priori, son idéologie et ses codes qu’il dissimule derrière le masque d’une neutralité souriante, ce qui est une foutaise complète. Aimez-vous vivre à Los Angeles plus que par le passé ? Bien plus, oui. J’aime cette ville plus que je ne l’ai jamais aimée auparavant. Je ne me vois vivre nulle part ailleurs et j’y suis bien plus heureux maintenant que durant mon adolescence. J’ai toujours aimé certains aspects de Los Angeles mais j’ai eu besoin de la fuir à une époque : d’où mon installation à New York où j’avais toujours eu le projet d’aller vivre quand j’étais plus jeune. Ça a été très bien mais, un jour, il y a environ dix ans, j’ai eu le sentiment que la fête était finie, que l’heure était venue de passer à autre chose et de me réinstaller ici. Je suis donc revenu en Californie à plein temps, même si j’ai gardé mon appartement new-yorkais. Propos traduits de l’anglais par Michel Etcheverry. Le texte intégral de l’entretien est en ligne sur BibliObs.com « OEuvres complètes », par Bret Easton Ellis, tomes 1 et 2, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alain Defossé, Bernard Willerval, Brice Matthieussent et Pierre Guglielmina, « Bouquins », 1 088 p. et 1 120 p., 29,50 euros chacun (en librairies le 18 février).