Glisser n’est pas jouer
SEVENTEEN, DE FRANÇOIS STEMMER, À 19H30 SUR RÉSERVATION, LES 17 ET 18 MAI, MPAA SAINT-GERMAIN, PARIS-6E, 01-46-34-68-58.
Sur la scène, des corps couchés en tas. Un à un, les ados se lèvent. Chacun à son tour fait son numéro. Un apollon en caleçon esquisse quelques pas de danse. Un breakdancer en exécute d’autres. Une fille patine sur des rollers. Un rappeur scande un poème de son cru. Un type récite du Rimbaud, un autre des vers érotiques de Verlaine. Celui-ci fait de la planche à roulettes, celui-là confesse dans le noir avoir été harcelé à l’école. Une jouvencelle gratte sa guitare et fredonne. A la fin, ils se livrent à une bataille d’eau puis font des glissades sur le lino mouillé. On aurait presque envie de se joindre à eux, ils y prennent un tel plaisir !
Photographe, metteur en scène et performeur, François Stemmer définit « Seventeen » comme « un poème visuel et sonore sur l’adolescence ». Dont acte. Mais, sans vouloir jouer les trouble-fête, ces amateurs recrutés dans la rue ou sur Facebook, que retireront-ils de cette exhibition? Ils ne font que ce qu’ils savaient déjà faire. L’expérience est de trop courte durée pour permettre à leurs petits talents de société de progresser. Il ne faudrait pas qu’ils se montent le bourrichon à cause des applaudissements d’un public acquis d’avance.
Un attaché de presse persuasif nous avait certifié qu’il s’agissait de théâtre, on vous certifie que ce n’en est pas. Ce que c’est ? Une expérience socioéducative louable et sympathique, qui n’a rien à voir avec l’art dramatique. Depuis quelques années, on demande aux gens de théâtre de se rendre utiles en jouant les assistantes sociales. « Seventeen » montre le danger du mélange des genres.