L'Obs

Yannick, 15 ans, interné avant d’être diagnostiq­ué

- NATHALIE FUNÈS

C’est un collégien qui vient d’obtenir le brevet avec mention TB et exhibe un faux tatouage de tortue sur le bras. Rien ne le distingue des autres adolescent­s, sauf qu’il n’est pas capable de courir et que, au bout de deux heures de balade, il est obligé de s’assoir, épuisé. Yannick Schraen, 15 ans, cheveux carotte, peau laiteuse, a passé presque un an allongé sur un lit d’hôpital, le corps paralysé, sous perfusion de morphine 24 heures sur 24. Les médecins, incapables d’expliquer pourquoi il n’arrivait plus à se tenir debout, ni assis, ni à se servir de ses jambes, de ses bras, avaient diagnostiq­ué une maladie psychiatri­que, un trouble de conversion, et pensaient le soigner en l’internant avec une bonne dose d’antidépres­seurs. Cela avait commencé par une sorte de grippe, en octobre 2013. Mais, au bout de trois semaines, Yannick n’arrivait plus à marcher, « tant les douleurs musculaire­s étaient fortes », se souvient-il. Ses parents, un couple de chefs d’entreprise de la région de Calais, le conduisent à l’hôpital le plus proche. Les séjours s’enchaînent, les symptômes empirent (paralysies, photophobi­e, nausées, brûlures, escarres, poussées de fièvre…), les médecins répètent que « c’est dans la tête, ça va se régler », veulent même interdire les visites aux parents, jugés nuisibles à la santé psychologi­que de leur fils. A la fin, Yannick ne pèse plus que 29 kg, il en a perdu 16. Un soir, les parents Schraen tombent sur un documentai­re de France 5, « Quand les tiques attaquent », et sont troublés par les similitude­s avec le cas de Yannick. Ils décident d’envoyer son dossier médical à Lyme sans frontières. A la minute où elle reçoit le courrier, Judith Albertat, présidente de l’associatio­n à l’époque, leur décroche un rendezvous avec le professeur Perronne, à Garches. Nouvelle hospitalis­ation mais, cette fois, avec un antibiotiq­ue puissant, la Rocephine. « En quinze jours, la douleur avait commencé à diminuer, raconte Yannick. En deux mois, j’arrivais à nouveau à m’asseoir, en quatre mois, à me tenir debout. » Aujourd’hui, l’adolescent garde des troubles de la mémoire et sou re, parfois, de rechutes, nécessitan­t des antibiotiq­ues. Mais il mène une vie normale. Plus tard, il veut devenir médecin infectiolo­gue.

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