L'Obs

Pourquoi lui? Antoine Ricardou, fondateur de Be-poles

Le fondateur du studio de création graphique Be-poles multiplie les terrains d’expériment­ations. Direction artistique d’hôtels, identité visuelle de restaurant­s, de concept stores… L’homme s’est fait un nom dans le circuit en se positionna­nt justement en

- par DORANE VIGNANDO

QUI EST IL ?

Dans un immeuble face au Centre Pompidou, un open space avec cuisine ouverte, grandes tables de travail, et une belle terrasse arborée, pour faire « des fêtes démentes ». C’est exactement ainsi que l’on s’imaginait le studio de graphisme et design Be-poles, dirigé par Antoine Ricardou et son associée Clémentine Larroumet. Tous deux ont bâti une structure atypique, avec des projets aussi éclectique­s que la direction artistique de l’hôtel NoMad à New York et de la boîte de nuit Le Silencio, l’identité visuelle du concept store Merci et de la Chocolater­ie de Cyril Lignac, ou la charte graphique de l’hebdo « le 1 » lancé par Eric Fottorino. Malgré son succès, l’agence garde une démarche très artisanale et commercial­ise ses propres produits : le sac en papier végétal 100% naturel, les crayons de papier fabriqués par Caran d’Ache et les beaux-livres « Portraits de villes », portfolios d’une élégance folle donnant carte blanche à des photograph­es du monde entier.

D’OÙ VIENT IL ?

Né à Dunkerque, Antoine Ricardou est diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’Architectu­re de Paris-Val de Seine et lauréat du grand prix d’architectu­re de l’Académie des Beaux-Arts. Il admet s’être aperçu très tôt qu’il serait meilleur graphiste qu’architecte. « Je réfléchiss­ais non pas d’un point de vue architectu­ral mais à la manière dont j’allais le mieux vendre mes idées aux profs », dit-il. En 2000, il fonde Be-poles et rencontre dans la foulée Pierre Bergé. Premier projet d’envergure, imaginer l’identité visuelle de la nouvelle Fondation Saint Laurent. Ricardou arrive même à convaincre le couturier d’écrire lui-même le logo de sa main (tremblante). Un souvenir prescripte­ur et fondateur : « Notre travail n’est jamais une performanc­e graphique, c’est d’abord du graphisme au service du message. »

QUE FAIT IL ?

Ses carnets sont bourrés de bouts de papiers collés : tickets bagages de compagnies aériennes, reçu d’un retoucheur à New York… Infatigabl­e collecteur, Antoine Ricardou parle d’abord « forme et fonction ». « L’univers d’inspiratio­n des graphistes est aujourd’hui trop concentriq­ue. Il faut s’ouvrir, ramasser des trucs dans la rue plutôt que copier Pinterest et autres applis à générer du design cool. » Be-poles, c’est d’abord une puissance narrative forte. « Collaborer à l’identité d’un hôtel, c’est raconter une histoire, donner l’impression qu’un lieu ouvert depuis trois semaines est là depuis dix ans. » Pour cela, il n’hésite pas à s’entourer d’un « gang » de créatifs (artistes, illustrate­urs), comme pour l’hôtel Le Pigalle à Paris et Les Roches rouges, nouveau cinq-étoiles à Saint-Raphaël. Et avoue qu’il trouverait « dément » de plancher sur l’image d’un candidat à la présidenti­elle, d’un « Yes we can » ou d’un « Hope » à la française. Ce n’est pas gagné…

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