L'Obs

Wenders : le rien en 3D

LES BEAUX JOURS D’ARANJUEZ, PAR WIM WENDERS. COMÉDIE DRAMATIQUE FRANCO-ALLEMANDE (3D), AVEC SOPHIE SEMIN, REDA KATEB, JENS HARZER, NICK CAVE (1H37).

- P. M.

« Nous avons été ici pour rien », entend-on à quelques minutes de la fin. On ne saurait dire mieux, d’ailleurs la phrase est prononcée à deux reprises, la première fois en allemand, telle que Peter Handke l’a écrite. Avant cela, il y a eu pour commencer les images d’un Paris estival désert, sur fond de Lou Reed (« Perfect Day »), un plan en mouvement sur un bon vieux juke-box, puis un écrivain devant sa machine à écrire portable, dont les mots conduisent à une terrasse entourée de verdure : une jeune femme (Sophie Semin [photo], à la ville Mme Peter Handke) et un homme (Reda Kateb, photo) parlent de leurs premières expérience­s amoureuses. Elle surtout, qui répond aux questions de son partenaire et affirme plus tard que, sans cet interrogat­oire, elle serait aveugle et muette. La caméra tourne sans fin autour d’eux, les images sont en 3D, et on ne voit pas trop pourquoi. Il est question aussi de la culture des groseilles. Nick Cave apparaît soudain, il joue du piano. Le temps passe, lentement, très lentement. Les acteurs ont à l’évidence du mal avec le texte, ce qui se peut comprendre. Le spectateur, aussi, a du mal. Il se demande pourquoi ces phrases sentencieu­ses, cet enfilage de poncifs, cette prétention satisfaite d’elle-même, en un mot pourquoi ce pensum. « Nous avons été ici pour rien ? » Oui.

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