L’étoile de Zoubida

BLED, PAR TIERNO MONÉNEMBO, SEUIL, 200 P., 17 EUROS.

Exilé politique, écrivain longtemps nomade, Tierno Monénembo nous mène de livre en livre sur des chemins aventureux : de la Guinée, son pays d’origine, au Brésil, à Cuba, dans les Vosges ou, comme ici, en Algérie. Un pays qu’il connaît pour y avoir enseigné de 1979 à 1981, l’époque même où il situe ce récit au rythme trépidant. On y voit Zoubida, l’héroïne, chassée de son village d’Aïn Guesma puis emprisonnée par l’effrayant Mounir, s’évader à travers branchages et ravins. Dans ses bras, un bébé né d’une liaison avec un Français. Elle a peu de chances de s’en sortir, cette « pécheresse » traquée par une horde en colère. Pourtant, elle possède le courage nécessaire pour rebondir. Et un stigmate au front en forme d’étoile. L’auteur brosse le portrait d’une jeune femme en butte à l’intolérance et à l’intégrisme religieux qui commencent à ravager le pays. Echoué dans ce bled métaphorique d’Aïn Guesma, Alfred le Camerounais y voit la paisible vie séculaire se déliter sous la montée d’une barbarie archaïque. C’est à lui que Zoubida raconte son histoire. Celle d’une libération, d’un miracle. Monénembo le virtuose démontre, si besoin était, la capacité du conte à exprimer la complexité du monde.