L'Obs

Pourquoi lui ?

Il a su faire de son entreprise familiale un business internatio­nal. Rencontre avec le patron de Canada Goose, la marque de doudounes qui fait saliver les ados

- Par ELVIRE EMPTAZ

Dani Reiss, patron de Canada Goose

QUI EST-IL ?

Dani Reiss est un homme sérieux. Boule à zéro, veste de costard noire, allure massive et sourire timide. Son discours est clair, bien rodé, mais sonne assez sincère. Il a la franchise typique des businessme­n nordaméric­ains qui n’ont pas peur d’exposer leurs objectifs. Le sien? Faire de Canada Goose, marque de manteaux ultrachaud­s qu’il dirige depuis 2001, « le véritable ambassadeu­r du Canada ». Rien de moins. Quand il ne voyage pas dans ses showrooms de New York, Paris, Londres ou Zurich, il vit à Toronto, où il a ses bureaux. Pendant ses très rares moments de détente, il fonce à la salle de gym soulever de la fonte. « Jamais je ne cesse de penser à Canada Goose. Je ne sépare pas mon travail de ma vie sociale. C’est un tout pour moi, j’ai une nature de passionné. Plus la marque grandit, plus la pression, dans le bon sens du terme, est forte. » La marque vient de lancer son premier e-shop en France.

D’OÙ VIENT-IL ?

C’est son grand-père qui a fondé la marque en 1957, dans un petit entrepôt de Toronto. Si son père l’a dirigée avant lui, il n’était pourtant pas question que Dani y travaille. « Il m’a toujours dit de faire autre chose. Après le lycée, je suis donc parti parcourir l’Europe en Citroën. J’ai appris à conduire à Paris, place de la Concorde ! Puis j’ai étudié l’anglais et la philosophi­e avant de me mettre à écrire des nouvelles de fiction. » En 1997, alors qu’il veut voyager de nouveau, ses parents lui proposent de travailler trois mois dans l’entreprise familiale pour se faire un peu d’argent. « Je ne suis jamais parti. J’ai grimpé les échelons. Au début, j’appelais les compagnies aériennes à qui l’on fournissai­t des vestes pour gérer les commandes et avoir un retour sur nos produits. J’ai compris à ce moment-là que nous faisions vraiment les manteaux les plus chauds au monde. Avant cela, je ne croyais même pas au concept de marque, je pensais que c’était juste du marketing. »

QUE FAIT-IL ?

Quand il l’a intégrée, la griffe employait à peine 40 personnes ; aujourd’hui, elle compte 1 300 salariés. Pour la faire connaître, Dani Reiss a fait un peu de pub bien sûr, mais a surtout habillé des aventurier­s, comme la pilote Amelia Rose Earhart, et a renforcé le partenaria­t que son père avait noué avec l’industrie du cinéma. « Nos vestes sont utilisées sur les plateaux de tournage par les équipes qui travaillen­t souvent dans le froid. A Hollywood, tout le monde en a une. Du coup, maintenant, on en voit aussi à l’écran! » Mais le vrai tour de force de Reiss est d’avoir fait de ces vêtements pensés pour des températur­es glaciales des objets de mode portés aussi dans les cités ensoleillé­es. Cette année, la maison s’est même associée au label pointu Vetements le temps d’une collaborat­ion. « Peu importe que les gens achètent nos produits parce qu’ils en ont besoin ou qu’ils sont cool. Chaque fois, ils réalisent combien le blouson est chaud et conçu pour durer. C’est ce qui fait qu’ils en parlent autour d’eux et que nous continuons à croître. » On ne change pas une méthode qui gagne.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France