L’impossible Monsieur Mémé
MÉMÉ, PAR PHILIPPE TORRETON, J’AI LU, 142 P., 6,50 EUROS.
Philippe Torreton adore sa grand-mère, et il tient à le faire savoir. Il appelle sa grand-mère « Mémé », comme si on la connaissait, et il le fait à chaque phrase ou presque. Il parle de Mémé (« Mémé ne connaissait pas le cours des matières premières ») ou s’adresse à Mémé (« Grâce à toi, mémé, je comprends les peintures rupestres »). Mémé, paysanne de Normandie, est un beau personnage, mais il le réduit, avec ce sobriquet et ce ton faussement rustique qui gâte sa peinture, souvent inspirée, de l’atmosphère fermière. Et puis on finit par ne pas comprendre ce qu’on fait là. Torreton pourrait presque se passer d’un lecteur. Il passe son temps à expliquer que son histoire est plus intéressante que celle des autres. Des Parisiens, surtout, cibles du livre. Il ne perd aucune occasion de leur signifier son mépris, grassement. Il a surtout très envie qu’on sache qu’il n’en est pas un, qu’il vient du monde des blouses à fleurs et du « pain mou », pas des pouffes en « Yves Saint-Lagerfeld » et de la « dernière baguette parisienne à la mode ». Tant d’anti-vanité finit par avoir l’air vaniteux.