Soul comme un Thundercat
DRUNK, PAR THUNDERCAT (BRAINFEEDER).
Son père était batteur pour les Temptations et Diana Ross. On connaît surtout Thundercat (photo) comme l’un des forts démiurges et producteurs de « To Pimp a Butterfly » du rappeur Kendrick Lamar, un disque où la musique noire américaine retrouvait – il n’était que temps – sa mémoire cuivrée et un peu de la saveur du jazz, en faisant crier ses trompettes et ses saxophones. Dans « Drunk », album ludique, vaporeux et parfois délicieux, ce Californien de 32 ans, loin du hip-hop (malgré la présence de Lamar et de Wiz Khalifa), met ses pas dans les pas pop et soul du gracieux Shuggie Otis. Ecoutez « Bus in these Streets », où son falsetto résonne comme dans une bulle de savon. « Drunk » réunit dans un oecuménisme bien tempéré la mélancolie funky du piano Fender Rhodes, le groove blanc de la côte Ouest des années 1980 et les plus belles textures électroniques de l’heure (« Friend Zone »). Complètement bourré (de talent), Thundercat est, ici, accompagné par les modernes (Pharrell Williams, le saxophoniste Kamasi Washington) et les anciens (Kenny Loggins et Michael McDonald des Doobie Brothers). Joli paradis artificiel, « Drunk » ne verse peut-être pas dans l’ivresse absolue, mais s’y entend pour vous rendre pompette.