L'Obs

Soul comme un Thundercat

DRUNK, PAR THUNDERCAT (BRAINFEEDE­R).

- FABRICE PLISKIN

Son père était batteur pour les Temptation­s et Diana Ross. On connaît surtout Thundercat (photo) comme l’un des forts démiurges et producteur­s de « To Pimp a Butterfly » du rappeur Kendrick Lamar, un disque où la musique noire américaine retrouvait – il n’était que temps – sa mémoire cuivrée et un peu de la saveur du jazz, en faisant crier ses trompettes et ses saxophones. Dans « Drunk », album ludique, vaporeux et parfois délicieux, ce Californie­n de 32 ans, loin du hip-hop (malgré la présence de Lamar et de Wiz Khalifa), met ses pas dans les pas pop et soul du gracieux Shuggie Otis. Ecoutez « Bus in these Streets », où son falsetto résonne comme dans une bulle de savon. « Drunk » réunit dans un oecuménism­e bien tempéré la mélancolie funky du piano Fender Rhodes, le groove blanc de la côte Ouest des années 1980 et les plus belles textures électroniq­ues de l’heure (« Friend Zone »). Complèteme­nt bourré (de talent), Thundercat est, ici, accompagné par les modernes (Pharrell Williams, le saxophonis­te Kamasi Washington) et les anciens (Kenny Loggins et Michael McDonald des Doobie Brothers). Joli paradis artificiel, « Drunk » ne verse peut-être pas dans l’ivresse absolue, mais s’y entend pour vous rendre pompette.

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