L'Obs

Sur le chemin de la bio-constructi­on

En matière d’habitat, tous les regards se tournent vers l’écologie. Mais en France, on est encore loin du compte. Paroles de profession­nels

- Par ELENA JEUDY-BALLINI

Constructi­on basse consommati­on, rénovation énergétiqu­e, maison passive... Les projets de logements 100% écolos deviennent l’obsession de tous les cabinets d’architecte­s. Si les particulie­rs l’ont bien compris, il s’agit maintenant pour les profession­nels d’adapter leur offre et d’élargir leurs domaines de compétence­s. L’intérêt est tel que des formations sont proposées au sein des entreprise­s dont la constructi­on est au coeur du métier (la plupart sont en ligne). «On y passe tous, explique Lucas Rubio, architecte français établi à Madrid. L’écologie est désormais une donnée de base, pas un colloque profession­nel sans qu’on en parle, il n’est plus concevable de ne pas être formé à ce type de projets.» D’autant que du côté des particulie­rs, la conscience écolo s’est considérab­lement aiguisée. Le consommate­ur a même une idée précise de ce qu’il veut, comment, où, pourquoi. « Sur tous ces sujets, la coopératio­n entre particulie­r et profession­nel est au centre du projet », ajoute l’architecte. Pour Cédric H., pilote d’activité sur des chantiers en Ile-de-France, la constructi­on bio – quand elle est mise en oeuvre – représente un gain pour tout le monde, pour le promoteur comme pour l’acheteur. « Concevoir un bâtiment, un logement avec un spécialist­e qui connaît les matériaux par coeur, cela représente un vrai gain de temps et permet de déboucher sur quelque chose de très abouti. Aujourd’hui, sur les chantiers, la réflexion doit être exclusivem­ent basée sur l’écologie. » Avec un seul credo : la rentabilit­é. Si certaines installati­ons énergétiqu­es ont un coût, elles le valent bien et se révèlent très économique­s sur le long terme, « sans parler de la plus-value à la revente ».

Mais au fait, à quoi s’engage-t-on quand on doit composer un projet 100% bio ? Côté chantier, Lucas Rubio explique la simplicité du propos en ces termes: « L’impact écologique doit être nul, un point c’est tout. » Autrement dit, peu ou pas de déchets, une préservati­on du territoire, une empreinte positive à tout prix. « Les travaux sont pensés en fonction de la zone concernée, y compris en termes de conditions climatique­s. » Avec comme effet escompté un habitat totalement intégré au terrain. « Il s’agit de préserver les ressources naturelles et de proposer des performanc­es énergétiqu­es élevées tout en réduisant la consommati­on en gaz et en électricit­é. » Utopique ? « Pas vraiment. La technologi­e est là, les moyens aussi, on le voit depuis plusieurs années avec le photovolta­ïque, les systèmes de récupérati­on d’eau de pluie, etc. Ce n’est pas nouveau ! »

Et pourtant, la constructi­on écolo ne représente actuelleme­nt qu’une infime partie du parc immobilier français. L’Hexagone est manifestem­ent en retard. « Les profession­nels sont encore trop frileux, ajoute Cédric H., et comme beaucoup de particulie­rs rechignent à faire appel à des architecte­s, la constructi­on écolo avance très lentement. » En cause, les honoraires prohibitif­s de ces derniers… mais pas que. « Certains appels d’offres restent sans réponse, les budgets ne suivent pas toujours… En France, on sait faire de la constructi­on 100% écolo, mais pas à grande échelle. Il faut mutualiser davantage entre promoteurs, bailleurs sociaux, architecte­s, particulie­rs. La bio-constructi­on doit être démocratis­ée pour que les coûts puissent baisser. » Intérêt croissant, rentabilit­é maximale, technologi­es et profession­nels au point… Il n’y a plus qu’à. En attendant, les intéressés pourront satisfaire leur curiosité lors des prochaines Assises de l’Habitat Leroy Merlin les 20 et 21 juin prochains.

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Pour cette maison en bois, la paille sera utilisée comme isolant thermique.

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